Propos d'Emmanuel Macron, réforme des retraites, projet de loi immigration, affaire des assistants d'eurodéputés du MoDem... Ce qu'il faut retenir de l'interview de François Bayrou
François Bayrou, haut-commissaire au Plan, président du MoDem et maire de Pau, était l'invité du 8h30 franceinfo, mercredi 22 mars 2023. Propos d'Emmanuel Macron, réforme des retraites, projet de loi immigration, affaire des assistants d'eurodéputés du MoDem... Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
La légitimité des manifestations "n'est pas supérieure à la légitimité démocratique"
Après les propos tenus par Emmanuel Macron mardi soir face aux élus de la majorité présidentielle, François Bayrou admet que "dans ces périodes les mots sont facilement excessifs". Alors que de nombreuses manifestations sauvages ont lieu ces derniers soirs pour dénoncer la réforme des retraites et le recours à l'article 49.3 de la Constitution, le chef de l'État a notamment affirmé mardi que "la foule" n'avait "pas de légitimité" face "au peuple qui s'exprime à travers ses élus". François Bayrou tente d'apaiser la situation, en affirmant que "chacun a sa légitimité". "Les manifestations ont leur légitimité, mais ce n'est pas une légitimité supérieure à la légitimité démocratique", insiste le président du MoDem. Il dénonce par ailleurs "le mur de verre" érigé depuis "plusieurs décennies" entre les citoyens et les élus. Pour François Bayrou, les mobilisations des dernières semaines sont un "symptôme de cette incommunicabilité entre les pouvoirs officiels et les citoyens de base".
Le président "doit rassurer les Français sur la nécessité absolue de la réforme" des retraites
François Bayrou estime qu'Emmanuel Macron doit répondre à "deux impératifs" lors de son interview mercredi à 13h dans les JT de TF1 et France 2. Selon le président du MoDem, le chef de l'État doit d'abord "rassurer les Français sur la nécessité absolue de la réforme" des retraites. Il considère d'ailleurs sur ce point que le gouvernement n'a pas assez expliqué le texte et n'a "pas parlé des déséquilibres financiers du système". François Bayrou appelle également à Emmanuel Macron à "replacer l'action de l'exécutif dans un cadre plus large et plus projeté vers l'avenir".
Retraites : "Faire payer les plus jeunes à long terme, c'est moralement inacceptable"
"Faire payer les plus jeunes à long terme pour les boomers, c'est moralement inacceptable", considère François Bayrou, qui juge "nécessaire" dans ces conditions une réforme des retraites. Il regrette que ce système de financement pèse sur les jeunes générations, qui "vont devoir assumer une dette en plus de leurs conditions de travail". "C'est une injustice crasse et devant laquelle les générations qui en profitent devraient être honteuses", s'indigne François Bayrou.
Retraites : "Il faut retrouver le dialogue avec les partenaires sociaux"
Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit, le président du MoDem estime que "ce serait bien au stade où nous sommes" qu'Emmanuel Macron rencontre les organisations syndicales. Pour le maire centriste de Pau, il faut "retisser les fils, il faut retrouver le contact et le dialogue" avec les syndicats. "C'est mieux si on a en tête un scénario d'issue de crise, mais dans les jours ou semaines qui viennent, il faudra que le fil soit renoué avec les partenaires sociaux", plaide-t-il.
Loi immigration : "Ce n'est pas le moment de mettre sur la table des textes inflammatoires"
François Bayrou salue le report du projet de loi immigration, dont l'examen devait débuter le 28 mars en séance publique au Sénat. Le président du MoDem estime que "ce n'est pas le moment aujourd'hui de mettre sur la table des textes inflammatoires", tout en assurant qu'il faudra voir "dans quelques semaines". Il n'appelle pas cependant à enterrer totalement ce texte porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin car il s'agit, selon lui, d'un "grand sujet d'inquiétudes, d'interrogations, d'inconfort pour les Français".
Assistants parlementaires du MoDem : François Bayrou "certain de [son] innocence"
Renvoyé devant le tribunal correctionnel dans l'affaire dite de l'emploi irrégulier d'assistants eurodéputés, François Bayrou se dit "totalement certain de [son] innocence ou en tout cas du caractère fallacieux des accusations" qui sont portées contre lui et n'a donc "pas l'âme troublée". Le président du MoDem est soupçonné d'avoir fait bénéficier d'emplois fictifs plusieurs assistants parlementaires, ce qu'il nie sur franceinfo. "Tout ça ne tient pas un quart de seconde", martèle-t-il. Il rétorque que "presque tous les députés européens qui étaient accusés ont été lavés et blanchis". "Il n'y a rien dans cette affaire qui soit véridique et qui puisse permettre de supporter les accusations", soutient François Bayrou.
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du mercredi 22 mars 2023 :
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