Uniforme à l'école, groupes de niveau au collège, stigmatisation des élèves en difficulté... Le 8h30 franceinfo de Gabriel Attal
Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, était l'invité du 8h30 franceinfo, mercredi 6 décembre 2023. Uniforme à l'école, groupes de niveau au collège, stigmatisation des élèves en difficulté... Il répondait à Jérôme Chapuis et Salhia Brakhlia.
Uniforme à l'école : une "expérimentation à grande ampleur" sera mise en place
Une "expérimentation à grande ampleur" du port de l'uniforme à l'école sera mise en place avec un certain nombre d'établissements, annonce Gabriel Attal sur franceinfo. "Je suis partagé sur la question de l'uniforme et pas encore convaincu que c'est une solution qui permettrait de tout régler", reconnaît le ministre de l’Éducation nationale, qui veut donc mener une "expérimentation à grande ampleur".
Il souhaite, "comme beaucoup de Français", voir ce que cela "donnerait comme résultats en matière de climat scolaire et en matière d'élévation du niveau de nos élèves. Je travaille avec les collectivités locales concernées pour que l'expérimentation puisse se faire sans reste à charge pour les familles concernées", précise-t-il.
L'objectif ? Mesurer l'impact "sur l'autorité à l'école, sur le harcèlement scolaire, sur les questions de laïcité". Le ministre souhaite "un vrai suivi de recherche : Si c'est efficace, on pourra avoir un vrai débat sur la généralisation de l'uniforme en France, mais au moins, ça se fera sur une base scientifique", conclut-il en annonçant que plus de précisions seront dévoilées "très prochainement, d'ici les fêtes" de fin d'année.
Groupes de niveau au collège : "On va recruter des enseignants en français et en mathématiques"
Au lendemain des résultats de l'étude Pisa et de la présentation des annonces pour l'école, le ministre de l'Éducation nationale, annonce un renforcement des effectifs de professeurs afin de permettre la mise en place de groupes de niveau : "On va recruter des enseignants en français et en mathématiques".
L'objectif est de "pouvoir réduire le nombre d'élèves par classe, notamment dans le groupe des élèves les plus en difficulté", explique le ministre sans préciser le nombre de postes qui seront à pourvoir, ni comment se feront les recrutements. Gabriel Attal admet toutefois qu'il y a "un enjeu d'attractivité du métier d'enseignant", mais pour les mathématiques, "ce n'est pas le concours où on a le plus de mal pour recruter".
En revanche, il n'y aura "pas nécessairement" de recrutements pour la création et la mise en place des "prépa-lycées" destinées au élèves qui rateront leur brevet des collèges. "Ce sont des élèves qui passent au lycée. Et donc vous avez des enseignants au lycée aujourd'hui qui sont chargés de les accueillir. Donc il y aura des créations de postes évidemment", précise Gabriel Attal, "mais c'est moins un sujet que sur les groupes de niveau".
"Un élève très en difficulté aujourd'hui, vous ne croyez pas qu'il se sent stigmatisé ?" : Gabriel Attal répond aux critiques
"Un élève très en difficulté aujourd'hui, qui est dans une classe avec des élèves qui ne le sont pas ou qui le sont moins, vous ne croyez pas qu'il se sent stigmatisé ?", réagit Gabriel Attal, après les critiques qui ont suivi les annonces de son "Choc des savoirs" mardi. Le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes-FSU) a notamment estimé que les groupes de niveau pourraient "aggraver les inégalités". "Au contraire, il sera dans un groupe avec des élèves qui, comme lui, ont des difficultés, et on lui dira que ce n'est pas grave, que l'important c'est de progresser, et on lui expliquera comment travailler", rétorque Gabriel Attal, pour qui l'objectif est de faire progresser tout le monde et de "relancer l'ascenseur scolaire".
Une des autres mesures phares du "choc des savoirs" est la facilitation du redoublement, là aussi critiquée. "Il vaut mieux réussir son école primaire en 6 ans qu'en sortir en 5 ans avec des lacunes qu'on n'arrive ensuite pas à rattraper", tacle Gabriel Attal. "Personne ne semble se soucier de l'estime de soi d'un élève qui sort de son CP avec de graves lacunes et qui enchaîne ensuite 11 ans d'échec scolaire, qu'on laisse glisser d'une année à l'autre, jusqu'au moment où il décroche", poursuit-il.
"On a en France un système scolaire qui reproduit beaucoup trop les inégalités sociales, des inégalités sociales qui se muent en inégalités scolaires", déplore Gabriel Attal, pour qui la solution est de "sortir d'une forme d'uniformisation et d'accompagner chacun en fonction de ses besoins. C'est la fin du collège uniforme, celui qui ne tient pas compte de l'hétérogénéité du niveau", dit encore le ministre de l'Education.
Notes aux examens : "On aura probablement un taux de réussite au brevet et au bac qui diminuera par rapport aux années précédentes"
Parmi les annonces faites par le ministre de l'Éducation nationale mardi pour faire remonter les performances des élèves français, Gabriel Attal a annoncé la suppression du correctif académique dès les sessions du brevet et du bac 2024. Ce faisant, "j'assume qu'on aura probablement un taux de réussite au brevet et au bac qui diminuera par rapport aux années précédentes", explique le ministre.
Le "correctif académique" consiste à réunir un jury de professeur qui va comparer les corrections et les notations des différentes copies, pour, dans certains cas, lisser les notations afin de faire se rapprocher de la note moyenne celles qui s'en approchent. "Je souhaite que les résultats à nos examens reflètent la réalité du niveau de nos élèves. Et c'est aussi la reconnaissance du travail et du mérite des élèves qui se donnent toute l'année pour réussir leur baccalauréat ou leur brevet", précise Gabriel Attal
Gabriel Attal souhaite défendre une "école de la sincérité", qu'on "arrête l'hypocrisie" et qu'on "arrête de faire croire à des familles que leur enfant peut passer dans la classe supérieure et réussir alors que ce n'est pas le cas. On arrête de faire croire à des élèves qu'ils ont le niveau pour avoir leur brevet alors que ce n'est pas le cas."
Retrouvez l'intégralité de l'interview du "8h30 franceinfo" du mercredi 6 décembre 2023 :
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