Bien-être au travail : au Japon, une société propose à ses employés de choisir leur manager
Comment être certain que votre employé est heureux dans l’entreprise et qu’il ne va pas bientôt vous annoncer son départ ? C’est la question que se posent de plus en plus d’entreprises japonaises confrontées aux pénuries de main d’œuvre.
À Hokkaido, au nord du pays, un groupe propose à ses équipes de noter la personnalité de chaque manager et d’ensuite choisir le responsable hiérarchique avec lequel ils ont envie de travailler. Cette entreprise s’appelle Sakura Kozo, c’est un spécialiste du design des bâtiments. Ils conçoivent des structures capables de résister aux tremblements de terre, un travail compliqué avec beaucoup d’enjeux.
Pendant longtemps, le groupe a souffert d’un très fort taux de départ de ses employés, avec chaque année, plus de 10% des travailleurs qui jetaient l’éponge. Un gros problème pour la direction, qui avait de plus en plus de mal à recruter. Comme la natalité baisse depuis des décennies au Japon, il y a chaque année de moins de moins d’étudiants et donc de moins en moins d’ingénieurs ou d’architectes, qui entrent sur le marché du travail. Le groupe a donc décidé, juste avant le Covid, de revoir complètement son management pour être certain de garder ses 120 employés.
Une fois par an, les employés de Sakura Kozo remplissent un long questionnaire où ils évaluent leur responsable hiérarchique. Ils mettent des sortes de notes à tout le monde. Ils jugent la capacité du manager à prendre en compte l’anxiété, les soucis de ses subalternes, sa volonté de partager ses connaissances ou alors son implication dans la bataille pour les hausses de salaire.
Moins de turn-over, plus de satisfaction
Les managers doivent aussi remplir une fiche où ils s’auto-évaluent. Ils reçoivent tous, ensuite, un bilan global avec leurs points forts et leurs points faibles. Les employés consultent ces bilans et choisissent le manager pour lequel ils ont envie de travailler pendant l’année en fonction de ses qualités et de ses défauts. L’entreprise dit qu’avec ce nouveau système, le taux de satisfaction interne a bondi. Maintenant, le turnover, le taux de rotation des employés, a chuté. Il est aujourd'hui de moins de 1% par an, contre 11% auparavant.
Ce système reste assez expérimental mais d’autres groupes explorent des pistes un peu similaires.
Chez Nyle, par exemple, une agence de marketing digital à Tokyo, la direction a décidé de rassurer au maximum les gens qu’elles tentent de recruter en leur laissant choisir la personne avec laquelle elles vont faire leur premier entretien d’embauche. Vous allez sur le site de l’entreprise et vous avez les fiches des 20 managers qui peuvent s’entretenir avec vous. Vous choisissez le recruteur qui vous fait le plus envie en fonction de sa photo, de sa description ou de la liste de ses hobbies préférés. Il parait que c’est très rassurant.
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