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Etats-Unis : dans le Missouri, il est désormais interdit de dormir dans tous les lieux publics appartenant à l’Etat

Depuis cette semaine, il est interdit dans le Missouri, au centre des Etats-Unis, de dormir dans tous les lieux publics appartenant à l’Etat, sous les ponts ou sous les bretelles d’autoroutes par exemple.

Article rédigé par franceinfo
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Un sans-abri dans la ville de Washington, aux Etats-Unis. Image d'illustration. (JEFF HAGERMAN / WWW.MEDIADRUMWORLD.COM / MAXPPP)

La loi, votée et signée par le gouverneur au printemps dernier, est entrée en vigueur le 1er janvier. Le texte stipule qu’il est désormais interdit de dormir ou de camper dans les lieux publics appartenant à l’Etat du Missouri. Les sanctions vont d’un simple avertissement au délit passable de 750 dollars d’amende ou quinze jours de prison. La mesure vise les sans-abris, mais selon les auteurs de la loi, elle doit justement les aider à ne plus vivre dans la rue.

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Les villes, qui demanderaient à leur police de ne pas appliquer la loi, peuvent être poursuivies par l’Etat. Celles qui ne parviennent pas à réduire le nombre de sans-abris dans la rue perdront des subventions. Et la loi indique également que les fonds de l’Etat ne doivent plus servir à financer des solutions de logements durables, seulement des camps d’accueil temporaire. Le texte de loi estime à environ 6 000 le nombre de sans-abris dans le Missouri tout en précisant que ces chiffres sont sans doute inférieurs à la réalité.

Une réinsertion à moyen terme

Derrière cette loi, on retrouve un député et une sénatrice du parlement local du Missouri, tous les deux républicains. Ils ont fait le constat que les solutions actuelles ne fonctionnaient pas.

D'un côté, le député Bruce DeGroot raconte qu’il a été inspiré par ce qu’il a vu lors d’une visite au Texas. Il insiste sur le fait que le but de la loi n’est pas de mettre des sans-abris en prison, mais avec l’assistance prévue dans les camps temporaires, beaucoup de SDF pourraient, à moyen terme, se réinsérer. 

De l'autre, la sénatrice Holly Rehder. Pour elle, le problème central des sans-abris, ce n’est pas pour le logement, mais l’addiction et les troubles mentaux soit avant de finir dans la rue, soit une fois qu’ils y sont. Elle-même a grandi très pauvre, devant arrêter ses études pour travailler dès l’adolescence avec des cas de troubles mentaux et d’addiction dans sa famille. Elle estime que son histoire montre que l’on peut s’en sortir.

Un problème de système, pas d’individus

Alors, il y a quand même la satisfaction de voir le politique agir, de reconnaître le problème, sans que la solution proposée ne convienne toutefois pas. La loi a été contestée très tôt, par la directrice des services de santé mentale de l’Etat, par des élus démocrates, par des responsables de foyers d’accueil et par des SDF. On craint une criminalisation de la pauvreté, malgré les bonnes intentions affichées. Les membres du secteur associatif expliquent qu’il est difficile de trouver un logement une fois qu’on a un casier judiciaire.

On s’inquiète aussi de voir des sans-abris s’isoler plus encore pour se protéger de la police, à l’écart des villes où se trouvent la majorité des structures qui peuvent les aider. Les critiques de la loi considèrent que ce n’est pas la drogue, mais le prix des logements et le niveau des salaires qui mettent les gens à la rue. C’est un problème de système selon eux, pas d’individus. Une opposition assez classique aux Etats-Unis et ailleurs, entre républicains et démocrates, entre droite et gauche, entre responsabilité individuelle et responsabilité collective.

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