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Accidents du travail : les entreprises sous-traitantes sont les premières victimes

Une étude du ministère du Travail révèle que les accidents du travail sont plus nombreux dans ces entreprises de TPE et PME qui travaillent pour d'autres, plus grosses.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un panneau sur un chantier.  (OIHANA LARZABAL / RADIO FRANCE)

"Tout semble se passer, écrit la Dares, la direction statistique du ministère du Travail, dans sa note qui vient tout juste de paraître, comme si l’entreprise donneuse d’ordre avait délégué les travaux les plus pénibles à ses entreprises sous-traitantes." Par exemple, les tâches répétitives et les horaires atypiques. En bref : aux sous-traitants, le sale boulot. C'est ce qu'écrit en substance l’économiste Thomas Coutrot : chez les sous-traitants, davantage de salariés sont exposés à des postures pénibles, des agents chimiques dangereux et à un bruit important.

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Un lien est constaté entre sous-traitance et accidents du travail plus nombreux. Selon la Dares, les donneurs d’ordre peuvent choisir d’externaliser les travaux les plus dangereux. La pression économique et la dépendance vis-à-vis d’un donneur d’ordre peut aussi conduire à une intensification du travail pour l’entreprise sous-traitante. Les petites entreprises sous-traitantes ont également moins accès aux instituts de prévention, aux cabinets de consultants, aux contrôles et conseils de l’inspection du Travail.

Recours aux travailleurs intérimaires

Les entreprises sous-traitantes ont également plus souvent recours aux travailleurs intérimaires. Quand une entreprise recourt à un volant d’intérimaires supérieur à 4%, le taux d’accidents du travail est plus élevé. Le taux d’accidents du travail diminue au-delà de 10% d’intérimaires. "Comme si, écrit la Dares, une forte proportion d’intérimaires permettait aux différents salariés de mieux apprendre à travailler ensemble." 

Pour Thomas Coutrot, ce phénomène s'explique par une moindre expérience professionnelle et une moindre formation sur les postes de travail chez les intérimaires. Ils sont également exposés à des conditions de travail plus difficiles et l’insécurité de leur situation peut les pousser à moins respecter les consignes de sécurité. Et, aussi, à moins déclarer les accidents.

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