Élection présidentielle en Moldavie et adhésion à l'UE : Moscou tente de manipuler les résultats

Le Parlement européen votera mercredi une résolution pour dénoncer l’ingérence de Moscou en Moldavie, car la Russie emploie des moyens humains et financiers importants pour manipuler le résultat des scrutins prévus fin octobre.
Article rédigé par franceinfo - Maria Gerth-Niculescu
Radio France
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Vladimir Poutine avec le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d'une réunion au sommet des chefs d'État de la Communauté des États indépendants (CEI) au Kremlin, le 8 octobre 2024. (SERGEI ILNITSKY / MAXPPP)

Alors que la Moldavie s'apprête à vivre, le 20 octobre, une élection présidentielle et un référendum sur son adhésion à l'UE, Moscou travaille activement à faire échouer ce référendum et à discréditer l’actuelle présidente Maia Sandu. Les procureurs et la police moldaves ont révélé des mécanismes illégaux, orchestrés depuis le Kremlin pour corrompre les électeurs.

La guerre en Ukraine, toujours

La Russie emploie des moyens humains et financiers importants pour manipuler le résultat des scrutins du jour J. Il est clair que Moscou souhaite maintenir son influence sur cette ancienne république soviétique, alors que la Moldavie est présidée depuis 2020 par une présidente pro-européenne qui soutient ouvertement l’Ukraine.

Dans le cadre de cette guerre en Ukraine, contrôler la politique moldave serait un levier de plus à disposition du Kremlin pour faire pression sur l’Europe. Par ailleurs, la Moldavie est située entre la Roumanie et l’Ukraine, et comporte une région séparatiste, la Transnistrie, où des troupes russes sont toujours stationnées, officiellement pour une mission de maintien de la paix.

De plus, une victoire politique en Moldavie serait une victoire symbolique bienvenue pour les autorités russes vis-à-vis de leur population, alors que la guerre en Ukraine se poursuit péniblement. En ce sens, l’échec du référendum pourrait être un premier pas vers le blocage de l’intégration européenne de la Moldavie, et peut-être à terme, vers l’arrivée d’un gouvernement pro-russe.

Un oligarque exilé au service de Moscou

Pour atteindre ces objectifs, le vecteur principal de l’influence russe est l’oligarque moldave fugitif Ilan Shor. Ancien membre du Parlement moldave, l'homme d'affaires a fui le pays après avoir été condamné à 15 ans de prison dans une affaire de fraude bancaire. Basé à Moscou, il est désormais accusé d’avoir orchestré des mécanismes de financements illégaux de partis et de corruption des électeurs, en complicité avec des banques russes. Les procureurs estiment qu’il a dépensé, via la Russie, environ 15 millions de dollars au cours des dernières semaines. Avec cet argent, 130 000 Moldaves auraient été payés pour voter "non" au référendum sur l’adhésion à l’UE et soutenir un candidat pro-russe lors de la présidentielle.

Pour comprendre les liens entre Ilan Shor et la Russie, on peut se référer à l’analyste politique Andrei Curararu : "Il a obtenu la nationalité russe, explique-t-il, tous les congrès des partis avec qui il est en contact sont en Russie. Il a de très bons contacts avec les autorités de là-bas et maintient une position absolument anti-européenne et absolument pro-russe."

Campagne de désinformation et actions isolées

La Russie investit aussi dans des campagnes de désinformation, que ce soit via les réseaux sociaux, les médias russophones ou les publicités Google. Enfin, certaines actions de déstabilisation ont été menées pour semer la confusion. Par exemple, certaines institutions publiques ont été vandalisées et des petites manifestations visant à diffuser des théories complotistes ont été organisées.

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