"Ensoupage" de "La Joconde" : une action de quelques secondes qui a fait parler d'elle

Dimanche matin, alors que leur collectif rejoignait le mouvement des agriculteurs, deux militantes écologistes ont jeté de la soupe sur la vitre blindée protégeant "La Joconde", au Louvre. Elles ont expliqué leur geste par leur volonté de dénoncer la "malbouffe".
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Deux militants écologistes du collectif "Riposte Alimentaire" après avoir lancé de la soupe sur La Joconde, au Musée du Louvre à Paris, le 28 janvier 2024. (DAVID CANTINIAUX / AFPTV)

"Qu’est-ce qui est le plus important ? L’art ou le droit à une alimentation saine et durable", ont déclamé les militants écologistes du collectif "riposte alimentaire", juste après avoir commis leur méfait, dimanche 28 janvier. La soupe a maculé la vitre blindée, qui protège La Joconde depuis 2005, pour dénoncer "un système agricole malade". Le collectif "riposte alimentaire" fait partie des 50 organisations écologistes qui ont appelé à rejoindre la mobilisation des agriculteurs ce même dimanche.

Pas de quoi faire sourciller le célèbre portrait de Mona Lisa, ce n’est pas la première fois qu’on s’en prend à lui. En mai 2022 déjà, il avait été entarté, et en 2009, une touriste russe lui avait lancé une tasse de thé vide. C’est sans doute le prix à payer lorsqu’on est la peinture la plus célèbre au monde, que 30 000 personnes viennent admirer chaque jour.

Davantage de réactions que les précédents happenings

Mais cet épisode a provoqué plus de réactions que les précédentes fois. On peut même dire qu'on n’avait pas assisté à une telle hystérie collective depuis 1911, quand le portrait avait été volé. Cette disparition avait suscité moult dénonciations et fake news, puisque même Apollinaire et Picasso avaient été soupçonnés, avant que l’on ne découvre la réelle identité du voleur. Il s'agissait d'un vitrier italien, qui n’avait d’ailleurs écopé que de 18 mois de prison, la presse italienne ayant salué son patriotisme.

On ne sait pas à quoi seront condamnées les militantes écologistes qui ont "ensoupé" le joyau retrouvé. Les peines encourues pour dommages aux œuvres d’art peuvent aller jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 euros d'amendes. Bien qu'il n'y ait pas de dommages matériels, de nombreuses voix sur les réseaux sociaux appelaient à des condamnations sévères envers ces "pseudo-militants écolos qui nuisent à leur cause en prenant l’art en otage". D’autres prennent au contraire leur défense, affirmant que l’art rend certes la vie plus belle, mais c'est justement la vie et la nature à travers elle qu'il faut défendre à tout prix.

On se prend à rêvasser sur ce qu’aurait posté Léonard de Vinci sur Twitter ou Instagram. Car c'était un végétarien qui copiait les ailes des chauves-souris pour concevoir ses inventions, un passionné de biodiversité qui parlait de la terre comme d’une "terrestre machine", dans laquelle tout se tient, et où tout est essentiel, y compris le plus petits des êtres. Léonard invitait les hommes à aller scruter la nature, car c’est là que se trouve leur futur. Aurait-il qualifié ce jet de soupe de "coup de sang légitime" ? En imaginant sa réponse, La Joconde se laisserait sûrement aller à sourire.

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