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En Bolivie, les exportations chinoises et européennes nuisent aux forêts tropicales

L'Union européenne vient d'adopter une mesure pour limiter la consommation de produits importés qui contribuent à la déforestation ou à la dégradation de forêts tropicales. Quel impact pour les pays qui hébergent ces espaces et vivent de la déforestation dite "exportée" ? 

Article rédigé par franceinfo - Alice Campaignolle, édité par Marion Ferrere
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Vue aérienne d'un troupeau pris au piège par les eaux après des pluies torrentielles dans la province de José Ballivián (Bolivie), le 8 février 2014. (DAVID MERCADO / REUTERS)

Plusieurs produits exportés par la Bolivie nuisent aux forêts tropicales qui recouvrent une partie du pays. D’abord il y a la viande bovine qui est exportée en Chine, et ce depuis peu. En 2018 en raison d’un grave épisode de fièvre porcine, la Chine s’adresse à la Bolivie, mais pas seulement, pour acheter de la protéine animale, en l’occurrence de la viande de bœuf. La demande internationale a eu un impact quasi immédiat sur les écosystèmes : au moment où la Chine réclame ce produit se déclenchent les terribles incendies de la forêt amazonienne de 2019. A ce moment-là il fallait "faire de la place" pour satisfaire la demande chinoise et donc convertir des hectares de forêt en pâturage. 

>> Déforestation : un arrière-goût d'Amazonie dans notre assiette

En Europe, l'Italie importe du cuir bolivien pour sa maroquinerie. La France et et l'Allemagne achètent du bois, destiné à la fabrication de meubles.

Cette nouvelle règle européenne sur les exportations n'aura, en réalité, qu'un impact économique assez réduit en Bolivie car le secteur en pleine expansion c’est celui de la viande bovine. Or elle est vendue à 85% à la Chine. Mais selon Marielle Cauthin, chercheuse à la fondation Solon à la Paz, cette décision peut avoir un impact politique.

"Si à partir de ce précédent nous commençons à faire pression sur les gouvernements, on peut espérer qu’il y aura plus de régulation interne à l’avenir. Parce que le problème en Bolivie c’est que le gouvernement ne met pas en place une législation respectueuse de l’environnement."

Marielle Cauthin, chercheuse à la fondation Solon à la Paz

à franceinfo

"Le meilleur exemple ce sont les amendes pour déforestation illégale ou incendies. En Bolivie ce sont les plus basses de toute l’Amérique Latine. Pour chaque hectares incendies ou déboisé illégalement, il faut payer à peine 20 centimes de dollars", ajoute la chercheuse. Cette décision européenne pourrait donc imposer de nouveaux standards sur les marchés.

D'autres écosystèmes à protéger en Bolivie

Mais cette législation européenne doit être encore améliorée, notamment car d’autres écosystèmes sont mis en danger. Le problème pourrait se déplacer, si les forêts tropicales sont surveillées, les éleveurs ou les cultivateurs pourraient se diriger vers d’autres zones, tout aussi précieuses. C’est ce qui s’est passé avec le moratoire européen de 2006 sur le soja brésilien cultivé en Amazonie, désormais il est simplement cultivé ailleurs. Or, la Bolivie est l’un des pays avec la plus grande biodiversité au monde, elle héberge des écosystèmes qui n’existent nulle part ailleurs, et pas seulement des forêts tropicales.

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