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En Corée du Sud, un groupe de Justice transitionnelle documente les violations des droits de l'homme par la Corée du Nord

Un groupe composé de juristes, d’avocats et de citoyens s'est lancé dans une impressionnante collecte de données sur les disparus, les kidnappés et les prisonniers du régime nord-coréen.

Article rédigé par franceinfo - Nicolas Rocca, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une veste repose sur une tombe au cimetière national alors que la Corée du Sud marque le Memorial Day à Séoul, le 6 juin 2020. (ED JONES / AFP)

Le projet intitulé "Footprint", qui signifie "empreinte" en français, est dirigé par le groupe de Justice transitionnelle. Il vise à informer sur tous les non-respects des droits de l'homme de la part de la Corée du Nord et à donner une image et un nom à toutes les victimes du régime.

La majorité des 20 000 cas recensés pour l'instant sont des kidnappés des années 1950 durant la guerre de Corée, au moment où le Nord occupait une grande partie de la péninsule. Parmi ces près de 100 000 personnes qui ont passé le reste de leur existence de l'autre côté d'une frontière qui n'existait pas à leur naissance, le père de Mee-il Lee, de l'association des kidnappés de la guerre de Corée. "Le 4 septembre 1950, mon père a été attrapé par les Nord-coréens parce qu'il avait donné de l'argent à une organisation anti-communiste", raconte-t-il.

Ils l'ont amené avec eux, et les autorités ont promis qu'il serait libéré dans les prochains jours. Et pourtant il n'est jamais revenu, je n'avais que deux ans quand c'est arrivé, c'est ma mère qui m'a raconté tout cela.

Mee-il Lee, membre de l'association des kidnappés de la guerre de Corée

à franceinfo

En offrant une plateforme en ligne pour que tout le monde puisse accéder au récit de ces vies brisées, les enquêteurs cherchent à graver sur internet ces histoires afin qu'elles ne sombrent pas dans l'oubli. Au-delà du devoir de mémoire cette base de données rempli aussi un fossé de génération. À l'image des appels et mails de remerciements de petits-fils, de petites-filles, de kidnappés ou de disparus qui, grâce au travail d'enquête, ont pu en apprendre plus sur des grands parents qu'ils n'ont jamais connus.

Un difficile travail d'enquête

Ces enquêteurs en ligne travaillent donc avec des données historiques, mais ils s'intéressent aussi aux disparitions plus récentes au sein même de la Corée du Nord. C'est évidemment plus compliqué, surtout concernant les disparitions internes car les ressources sont limitées. "Pour cela, nous devons nous appuyer sur les témoignages des transfuges partis de Corée du Nord, la plupart d'entre eux ont encore de la famille sur place quand ils viennent en Corée du Sud, explique Ethan Hee Seok Shin, un des membres du groupe de Justice Transitionnelle. Ils sont donc bien plus hésitants à parler de cela."

Même si le nombre de disparitions internes est certainement bien supérieur à toutes les autres catégories de victimes, paradoxalement c'est celle pour laquelle nous avons le moins d'informations.

Ethan Hee Seok Shin, un des membres du groupe de Justice transitionnelle

à franceinfo

L'objectif est aussi d'influencer les autorités des deux Corées afin qu'elles puissent reconnaître ces kidnappés ou disparus et éventuellement rapatrier les corps lorsque cela est rendu possible par les autorités nord-coréennes. Récemment, le sujet qui irrite le régime communiste n'est plus à l'agenda des discussions. En témoigne le sommet entre les présidents américain et sud-coréen qui se déroulait ce week-end, où les discussions portaient sur les missiles ou les vaccins plus que sur ces familles brisées pour certaines depuis 70 ans.

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