En Égypte, un dessin-animé accusé d'inciter les jeunes à devenir des informateurs de la police
Dans un contexte de répression généralisé en Égypte, un dessin-animé suscite la polémique. Certains internautes dénoncent la volonté de transformer les citoyens en informateurs dès leur plus jeune âge.
En Égypte, une polémique a éclaté après la publication, fin janvier, sur Facebook et Twitter, d'un dessin animé incitant les enfants à dénoncer les "criminels" à la police. Dès le début du dessin animé, un message apparaît : "Ensemble, nous allons protéger la conscience de nos enfants", dit-il. S'en suit le générique et l’histoire de deux petits garçons, Fateen et Bolbol.
Ces derniers jouent à la Playstation pendant que, dans le salon, le père de l’un d’entre eux signe un contrat de location avec un inconnu. C’est alors que Fateen se souvient du conseil d’un ami policier : "Il ne faut pas louer un appartement à un parfait inconnu". Pendant la nuit, le locataire et un acolyte portent des cartons suspects. Les jeunes garçons vont voir la police qui procède à l’arrestation des trafiquants.
Pour les uns, c'est un appel à la vigilance, mais pour les autres, c'est un encouragement à transformer de jeunes citoyens en informateurs, un encouragement à la culture de la délation et de la suspicion. Dans le dessin animé, le policier félicite les enfants pour avoir directement informé la police sans en parler à d’autres adultes précédemment. À la fin de l’histoire, les enfants demandent du chocolat à la police en guise de récompense.
Climat de défiance envers la police
Au-delà des critiques, cette vidéo a provoqué l’hilarité devant une institution qui essaye de redorer son image. En effet, le climat actuel est à la défiance entre la population et la police. Celle-ci est accusée d’être au service du régime et de multiplier les bavures. Depuis juillet 2013, près de 60 000 personnes ont été arrêtées car soupçonnées d’être des opposants politiques.
Selon l’organisation de défense des Droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), la sécurité nationale recoure à la torture - électrocutions, coups de poings et de barre de fer, viols et menaces de viols - de façon régulière, notamment lorsqu’il s’agit d’interroger les dissidents présumés. Pour la Commission égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF), une ONG locale, au moins 44 personnes sont mortes sous la torture pendant leur détention, entre août 2013 et décembre 2016. Depuis, d’autres cas ont été révélés dans la presse. Ce qui explique pourquoi la vidéo suscite une telle controverse.
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