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En Hongrie, la population favorable à la vaccination contre le Covid-19... mais pas avec n'importe quel vaccin

Plus de 42 000 soignants et des centaines de résidents de maisons de retraite ont déjà été vaccinés. Mais la majorité des Hongrois, habituellement pro-vaccins, reste indécise.

Article rédigé par Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des responsables hongrois déballent un premier arrivage d'un vaccin russe contre le Covid-19, à Budapest, le 19 novembre 2020. (MATYAS BORSOS / AFP)

D'après l’Office national des statistiques, seuls 15 % des Hongrois sont décidés à se faire vacciner contre le Covid-19. 35 % n’en ont pas l’intention et la majorité de la population est indécise. Comme dans tous les pays, il y a des vaccino-sceptiques. Mais en général, les Hongrois sont plutôt pro-vaccins, comme l'indiquait il y a deux ans une étude la commission européenne : 91% de pro-vaccins. Et l’été dernier, plus la moitié de la population se déclarait favorable au vaccin anti-Covid.

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Mais la confiance semble s'être érodée, sans doute à cause de la communication ambivalente du gouvernement. C’est grâce à l’Union européenne que la Hongrie reçoit des vaccins. Mais le Premier ministre Viktor Orban ne cesse de dénigrer Bruxelles et de faire la promotion des vaccins russe et chinois : "Nous, nous regardons vers l’Est, ce que Bruxelles ne fait pas. Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier !, a-t-il lancé. Le vaccin russe est bon, mais il n’y en aura peut-être pas assez. Le vaccin chinois est prometteur. D’ailleurs nous avons envoyé des experts à Pékin pour évaluer les produits chinois. Idéalement, les Hongrois pourront choisir entre tous ces vaccins." 

Un manque de confiance dans le gouvernement

Or les Hongrois n’ont pas du tout confiance dans le vaccin russe, mis en doute par de nombreux experts. Seuls 7% des Hongrois seraient prêts à l’essayer. Et contrairement à ce que qu'affirme le Premier ministre, il n'est absolument pas certain qu'ils puissent choisir. La directrice nationale de la Santé a déclaré le contraire.

De plus, pour se faire vacciner, il faut s’inscrire sur un site gouvernemental en fournissant de nombreuses données personnelles. Or tout cela est géré par la même entreprise, proche d’Orban, qui gère le logiciel des élections, ce qui accroît la méfiance des Hongrois. Certains craignent qu’on leur injecte le vaccin russe ou chinois sans leur dire.

Personne n’a envie de se faire piquer avec le vaccin russe ou chinois mais le gouvernement ne donne aucune information, il fonctionne comme les Russes !

Csilla, une Budapestoise de 52 ans

à franceinfo

"On ne sait pas trop ce qu’ils vont mettre dans la fiole. Moi, je veux me faire vacciner dans le privé. Pour être sûre d’avoir le vaccin américain", ajoute la directrice de marketing. Pas sûr pourtant que la Budapestoise puisse se faire vacciner dans le privé. Pour l’instant les grands laboratoires vendent uniquement aux États, qui ont le monopole du vaccin.

Le gouvernement hongrois tente de corriger le tir, pour convaincre les Hongrois de se faire vacciner. Ces derniers jours, Viktor Orban a souligné le fait que le vaccin Pfizer était un produit américano-hongrois. La scientifique à l’origine de la découverte de l’ARN messager est effectivement hongroise.

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