En Ouganda, des foyers cachés offrent un abri aux personnes LGBT, menacées de prison en raison de leur orientation sexuelle
L’Ouganda est considéré comme l'un des pays du monde les plus dangereux pour la communauté LGBT. Les actes sexuels entre personnes de même sexe sont illégaux et punis par des peines de prison. La peine de mort a même un temps été envisagée.
Un foyer caché dans un quartier populaire de Kampala, la capitale de l’Ouganda, offre un logement aux membres les plus vulnérables de la communauté LGBT. C’est une maison d’accueil avec plusieurs dortoirs en guise de chambres. La plupart des 13 résidents, comme Jeremiah, ont été chassés par leur famille en raison de leur orientation ou identité sexuelle.
"J’ai eu des problèmes à l’extérieur quand ma famille a appris mon homosexualité. Donc j’ai préféré partir pour aller dans un endroit plus sûr", confie le jeune homme.
"Pour ma famille, c’était une abomination."
Jeremiah, pensionnaire au refuge de Kampalaà franceinfo
"Et la première fois que je suis venu ici, j’ai trouvé une nouvelle famille, , poursuit-il. Il y avait des hommes et des femmes transgenres, je n’avais jamais été entouré de cette communauté avant, et c’est bien, parce qu’on est sous le même drapeau".
Les lois les plus dures contre les homosexuels
En Ouganda, les membres de la communauté LGBT, en plus d’être souvent rejetés par leurs proches, sont aussi confrontés à des lois parmi les plus dures au monde contre les homosexuels. En 2014, le Parlement avait même voté un amendement condamnant les actes entre personnes de même sexe à la peine de mort, l'année d'organisation de la première Gay Pride du pays. Si cet amendement avait finalement été suspendu par la cour constitutionnelle, les relations homosexuelles sont toujours interdits dans le code pénal, et punis d’une peine de prison allant jusqu’à la perpétuité.
Et ces foyers qui accueillent des membres de la communauté LGBT sont d’ailleurs parfois visés par les forces de l’ordre. Le refuge où se cache Jeremiah a été la cible d’une descente de police en mars 2020. 23 résidents avaient été arrêtés, filmés par les médias locaux, et présentés à la télévision et dans la presse comme homosexuels. Achoka était l’un d’entre eux. Il est resté en détention pendant un mois et demi. "Quand j’étais en prison, ma famille a appris que j’étais homosexuel, et m’a chassé de la maison, raconte-t-il. Je travaillais avec mon frère, donc maintenant, je n’ai plus rien, et j’ai perdu espoir."
"Je reste toujours à l’intérieur, j’ai toujours peur, et c’est pour ce que je ne me sens pas en sécurité, même avec d’autres personnes LGBT."
Achoka, emprisonné 45 jours pour homosexualitéà franceinfo
Achoka a peu d’espoir que les droits LGBT s’améliorent rapidement en Ouganda. Depuis ces arrestations, la maison d’accueil a déménagé, et les résidents évitent de se montrer dans leur nouveau quartier, afin d’essayer au mieux de garder le secret sur l’existence de ce foyer.
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