Suède : l'image du royaume prospère s'effrite
L'image de la Suède s'écorne. Ces dernières années, les inégalités se sont accentuées, les aides ont été rognées, l'emploi s'est précarisé. Avec l’inflation actuelle et la flambée des prix, ce sont les classes moyennes qui sont maintenant touchées. Les associations s'inquiètent de voir arriver de plus en plus de personnes.
De nouveaux bénéficiaires
L’une des plus actives à Stockholm, c’est Stadmission, qui vient d’inaugurer il y a quelques jours, en plein centre ville, un grand espace d’accueil et de restauration. Il est ouvert tous les jours de 11h à 20h, au sein d’une Eglise désacralisée. “On a affaire à de nouveaux profils. Des personnes qui arrivaient jusque-là à s’en sortir, mais qui ont basculé. On voit beaucoup plus de familles, de jeunes gens et de personnes âgées", assure Linda Larsson, la responsable de ce lieu qui ne désemplit pas. "A Stockholm, nous menons une cinquantaine d’initiatives mais les publics sont en général séparés. Les jeunes par ici, les sans-abris par là. On répond à différents besoins. Il y a les lieux d’hébergement pour la nuit, les endroits où l’on offre des services de bases : prendre une douche, trouver des vêtements, des produits alimentaires pas cher. Mais ici, ça ressemble plus à un centre communautaire”, complète Linda Larsson.
Ici on peut déjeuner et dîner, c’est sur donation. Ca marche à la confiance, minimum deux euros pour repas complet. Avec la hausse des prix de l’alimentation, 18% de plus en moyenne que l’an dernier, 25% pour le beurre, la viande, les fromages…. La retraite de Rustle, 66 ans, longtemps auxiliaire de vie en Ephad, ne suffit plus. "La plupart des gens âgés restent à la maison et regardent la télé. Ici, c’est le luxe pour les pauvres. La nourriture est très bonne, on fait des rencontres, et on se sent moins isolés”, explique-t-il.
"L’argent que je touche chaque mois se tarit au bout de 20 jours. Si je viens manger ici pour deux euros, j’arriverai peut-être à mettre un peu de côté pour prendre des petites vacances cet été ?"
Rustle, 66 ans, retraité suédois à franceinfo
Les températures dehors frisent les -10 degrés, les factures d’électricité ont augmenté de 80 euros par mois dans certains immeubles, alors on peut aussi juste venir pour être au chaud. L’idée du lieu c’est de favoriser la mixité sociale, de nombreuses activités culturelles sont organisées, pour toucher notamment une classe moyenne qui n’a pas l’habitude de demander de l’aide.
La Suède résiste mieux que d’autres pays
Même s’il y a eu des coupes dans les retraites, le chômage ou les aides aux plus précaires entre 2006 et 2014, sous la droite, et que ces allocations ne sont pas toujours revenues aux niveaux précédents. Donc l’État providence s’est fragilisé.
Aussi, un sujet d’inquiétude, c’est l’endettement. Une majorité de Suédois ont contracté un prêt, et pour 30% d’entre eux ont une dette à taux variable, c'est-à-dire qu’elle augmente avec l’inflation. 30% c’est beaucoup, en France seuls 10% des gens ont ce type de crédit.
Ceux qui souffrent peut-être le plus de la flambée des prix, se sont les immigrés : une personne sur 5 en Suède est née à l’étranger. Beaucoup sont arrivés d’Irak, d’Afghanistan, du Soudan, de Syrie, aujourd’hui d’Ukraine. Ils avaient peu d’économies, ils ont eu du mal à trouver des emplois bien rémunérés. Ils sont marginalisés et ne savent pas bien naviguer le système des aides, donc, aujourd’hui, ils sont en première ligne.
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