Expliquez-nous qui sont les Ouïghours ?

Cette minorité musulmane chinoise est ciblée par Pékin depuis plusieurs dizaines d'années. La répression a pris encore plus d'ampleur lors de l'arrivée au pouvoir de l'actuel président chinois, Xi Jinping, en 2012.
Article rédigé par Pierre-François Plessis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une manifestation à l'appel de l'Institut ouïghour d'Europe place de la Bastille "contre les génocides" des Ouighours par la Chine au Xinjiang, le 2 octobre 2021. (S?BASTIEN MUYLAERT / MAXPPP)

Le président Chinois Xi Jinping reçu à l'Élysée lundi sera mardi 7 mai au Tourmalet, col mythique du Tour de France. Une visite en grande pompe critiquée par les oppositions qui reprochent à Emmanuel Macron sa complaisance à l'égard du régime chinois, et qui dénoncent le sort réservé aux Ouïghours par Pékin. 

C'est un groupe ethnique minoritaire en Chine, turcophone et de la religion musulmane. Les Ouïghours sont d'origine nomade mais se sont progressivement sédentarisés dans un territoire autonome du nord-est de la Chine, le Xinjiang, où ils sont aujourd'hui environ 12 millions. Leur culture est très différente de celle de l'ethnie majoritaire en Chine, les Hans. Elle se rapproche bien plus de celle des populations d'Asie centrale, d'ailleurs, les Ouïghours appellent la région le "Turkestan oriental" et celui-ci est également peuplé de Kirghizes et de Kazakhs.

Des persécutions depuis le régime de Mao Zedong

C'est un peuple aujourd'hui persécuté par le régime chinois. Les persécutions sont d'ailleurs assez anciennes puisqu'elles commencent, dans les années 60-70, notamment pendant la révolution culturelle. À l'époque, le régime de Mao Zedong veut éradiquer toutes les pratiques religieuses dont l'islam, et les Ouïghours sont donc, par exemple, forcés à manger du porc. 

À la mort de Mao Zedong, les persécutions diminuent, mais elles reprennent dans les années 2000, après les attentats jihadistes du 11 septembre 2001 aux États-Unis et plusieurs autres sur le sol chinois. Cette répression prend encore plus d'ampleur à partir de l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. En particulier à partir de 2016, lorsqu'il nomme un nouveau secrétaire du parti communiste chinois au Jinxiang, Chen Quanguo, qui occupait auparavant le même poste au Tibet. Celui-ci met en place des camps de rééducation où sont envoyés des centaines de milliers de Ouïghours et de Kazakhs.


Pékin les présente comme des centres de formation professionnelle, mais des témoignages et des rapports d'ONG et de l'ONU révèlent que les Ouïghours y subissent des actes de tortures, des violences sexuelles, des stérilisations imposées, et y sont soumis à du travail forcé. Selon un rapport publié par l'ONU en 2022, plus d'un million de personnes, majoritairement des Ouïghours musulmans, ont été déportées dans ces camps. 

Les réactions de la communauté internationale

En 2021, Donald Trump accuse la Pékin de génocide contre la population ouïghoure, accusations renouvelées depuis par Joe Biden. En France l'Assemblée nationale vote une résolution dénonçant également un génocide, mais le gouvernement se refuse jusqu'ici à employer ce terme. L'ONU, quant à elle, dénonce des possibles crimes contre l'humanité. En 2021, les États-unis, en coordination avec le Canada, le Royaume-Uni et l'Union européenne émettent une série de sanctions contre la Chine pour violation des droits humains, les premières depuis le massacre de la place Tiananmen en 1989. Plusieurs dirigeants chinois sont alors interdits de séjour. Par la suite, Les États-Unis émettent également des interdictions d'importation à l'encontre d'entreprises chinoises accusées de participer à la répression des Ouïghours.

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