Histoires d'info. L’affaire Polanski racontée par les médias
Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski vient à Paris lundi soir pour lancer la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque de Paris. L'association Osez le féminisme proteste contre cet événement culturel et a prévu un rassemblement.
La Cinémathèque de Paris inaugure lundi 30 octobre une rétrospective consacrée au cinéaste franco-polonais Roman Polanski. Ce dernier est d'ailleurs invité pour lancer l'événement. L'association Osez le féminisme proteste contre cet événements culturel et a prévu un rassemblement pour dénoncer la venue de celui qui est accusé de viols par plusieurs femmes aux États-Unis, toutes mineurs au moment des faits.
L'affaire ne fait pas les gros titres en France
Replongeons dans le traitement médiatique de l’affaire Polanski, à son origine, à la fin des années 1970. Le 10 mars 1977, Roman Polanski, cinéaste déjà extrêmement célèbre et célébré, est arrêté aux États-Unis pour le viol d’une mineure, Samantha Geimer, âgée de seulement 13 ans.
Les médias français s’en font l’écho mais ça ne fait pas forcément les gros titres et l’affaire est relativement minorée. "Il est peu probable que cette affaire puisse nuire très gravement à Roman Polanski", analyse à l'époque Dominique de Saint-Hamond, le correspondant de France Inter à Washington. "N'oublions pas que tout s'est passé à Hollywood, dans un mileu où Linda Blair, l'héroïne de 'L'Exorciste' est déjà considérée comme usée, finie, à 15 ans à peine. Il suffira donc à Polanski de venir se refaire une vertu en Europe pendant quelques temps. En fait, ce réalisateur génial, au visage pointu et au regard vif, ne s'est jamais remis du massacre de sa femme Sharon Tate par la bande à Manson."
En réalité, Roman Polanski n’est pas venu en Europe "se refaire une vertu", comme le présage Dominique de Saint-Hamond, mais bien davantage fuir une peine de prison qui pourrait aller jusqu'à 50 ans aux États-Unis.
Polanski s’envole pour Paris en janvier 1978
En janvier 1978, Roman Polanski s'envole donc pour Paris. Durant son procès aux États-Unis, Polanski a plaidé coupable de détournement de mineure mais pas de viol et fait 47 jours de prison. Libéré pour conduite exemplaire, il apprend qu’il risque jusqu’à 50 ans de prison. Polanski s’envole alors pour Paris en janvier 1978. L’Europe protégera le cinéaste, ne donnant pas suite au mandat d’arrêt international délivré par la justice américaine.
Polanski reste un cinéaste célébré dans de nombreux festivals. En promotion pour son film Tess, en 1979, il fait face à Jean-Pierre Elkabbach dans un long entretien. Le journaliste n’hésite pas, lui, à mettre les pieds dans le plat. La réponse du cinéaste a de quoi surprendre ou choquer.
Jean-Pierre Elkabbach : "Votre préférence pour les petites filles peut-être ?"
Roman Polanski : "Ma préference pour les jeunes filles, disons, ou jeunes femmes, ça sonne mieux en français, je ne l'ai jamais caché. J'étais toujours entouré de jeunes filles. Il ne faut pas oublier que chacun qui a une relation sexuelle avec une personne en dessous des 18 ans aux États-Unis est un criminel. Il faut assumer que la plupart de la population est en train de commettre un crime. Le crime, plusieurs fois par jour."
Roman Polanski a toujours nié le viol mais on mesure à quel point la société a pu évoluer sur la question des relations sexuelles avec des mineures. Acceptable médiatiquement dans les années 1970, c’est aujourd’hui un tabou et l’on ne peut que s’en féliciter.
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