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Ils ont fait l'actu. Brigitte Bourguignon, ex-ministre de la Santé : "J'ai beaucoup de projets"

Retour avec Sandrine Etoa-Andegue sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Brigitte Bourguignon revient sur son court passage au gouvernement comme ministre de la Santé.

Article rédigé par franceinfo, Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Brigitte Bourguignon, ex-ministre de la Santé. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

4 juillet 2022. Après sa défaite aux législatives, Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé pendant un mois et demi, passe la main à son successeur, l'urgentiste François Braun. Elle aura juste eu le temps d'annoncer quelques mesures pour répondre à la crise de l'hôpital. Sur le perron du ministère, au moment de la passation de pouvoir, elle déclare, très émue, devant son successeur : "On dit souvent que la vie politique se construit dans les défaites. C'est ma première. Elle est rude. Alors je vous souhaite, cher François, chère Agnès, d'être bien ici. J'étais bien ici avec vous et pour vous. Merci et courage."

Dans la sixième circonscription du Pas-de-Calais, 56 voix ont séparé Brigitte Bourguignon de la candidate du Rassemblement national, Christine Engrand, arrivée en tête. Dans le passé, l'ex-ministre déléguée à l'Autonomie avait battu trois fois le RN. En 2012, elle était alors socialiste. En 2017, sous l'étiquette La République en marche et en 2021, lors d'une législative partielle. En tout, elle sera restée moins de deux ans au gouvernement. Elle a reposé ses valises dans son appartement de Boulogne-sur-Mer, sa ville natale.

"C'est toujours un moment difficile parce que pendant deux années, on vit quotidiennement avec un cabinet, même la nuit, on crée des liens."

Brigitte Bourguignon

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"Quand on doit quitter tout ça d'un coup, c'est brutal, c'est violent. Moi, je dois dire que j'ai eu du chagrin de quitter tout le monde et de quitter un chantier qui m'apporte beaucoup. Je fais confiance vraiment à la personne qui me suit. D'ailleurs, je n'ai aucun problème là-dessus. Par contre, oui, c'est difficile de lâcher l'affaire, de sortir du bureau, de dire au revoir à tout le monde, c'est compliqué", constate Brigitte Bourguignon.

Les jours d’après ont été difficile à vivre. Brigitte Bourguignon dit avoir "vécu plusieurs jours de prostration. On est assis et on se dit 'Tiens, là, je suis chez moi'. Et ça fait des mois que je suis pas venue chez moi et il faut que je me recentre sur ce qu'il y a d'essentiel dans la vie ma famille, mes enfants, mes petits enfants, mes amis. Heureusement, ils sont là mais on s'isole. J'ai plutôt vécu un isolement volontaire. Passer de ce monde-là à votre quotidien qui reprend, c'est très compliqué."

"Il faut admettre le verdict des urnes"

Après cette défaite sur le fil, elle a finalement choisi de ne pas faire de recours. "J'estime qu'on remet pas en question un scrutin comme celui-là, indique-t-elle à franceinfo. Les gens ont choisi les gens, à partir du moment où il n'y a pas d'irrégularités flagrantes, il faut admettre le verdict des urnes. Il faut ensuite se poser les vraies questions. Ce que je sais, c'est que, maintenant, je vais militer, comme je l'ai toujours fait, contre le Rassemblement national dans ma circonscription, dans mon territoire, dans le canton dans lequel je suis élue. Parce que c'est un combat qu'on doit tous mener ensemble avec un RN qui a gagné cinq points en une année. Ce n'est pas neutre quand on a une circonscription dans laquelle Marine Le Pen est arrivée à 58% aux présidentielles, on ne peut pas se dire qu'on est à l'abri", défend-elle.

Et Brigitte Bourguignon a essaie de comprendre ce qui, cette fois-ci, a fait la différence dans cette élection : "Ce qui a fait la différence, c'est qu'il y a une force de gauche qui s'appelle la Nupes, qui s'est créée entre temps, qui n'existait pas lorsque j'ai fait ma partielle. Nous, on a fait les projections, on a bien recalculé tous les reports de voix et vraiment de manière très objective. Ils n'ont pas voté blanc, ils ne se sont pas abstenus, : ils ont voté FN. Donc, quand on a ça chez soi, je me dis que la collusion des extrêmes explique ce résultat. Et ça, c'était une donnée que nous n'avions pas l'année dernière et qui est apparue dans le paysage. C'est quelque chose d'assez nouveau", analyse-t-elle.

"J’ai beaucoup de projets"

D’après Brigitte Bourguignon, une campagne de désinformation a été orchestrée contre elle lors de la campagne. "J’ai eu des fake news collées sur mes affiches avant le premier tour. J'ai d'ailleurs porté plainte. La personne qui a été arrêtée était une personne de la Nupes, ce n'était pas quelqu'un du RN. Il y a eu ce phénomène, comme avoir une cible dans le dos. Il a suffi de quinze jours pour que quelqu'un arrive à persuader des gens que je n'étais pas là, alors que ça fait dix ans que je suis très présente. J'aurais pu effectivement faire un recours uniqument à partir de ça puisque les personnes a été arrêtées. Pour autant, je ne l'ai pas fait. Mais voilà, c'est clairement un autre phénomène qui s'est greffé. Il y a eu une collusion des extrêmes très nette dans ma circonscription", détaille-t-elle à franceinfo.

Aujourd’hui, le seul mandat de Brigitte Bourguignon est celui de conseillère départementale dans le même canton, où elle compte "continuer à s’investir beaucoup dans son département" parce qu'il y a "du travail à faire." Elle se projette : "Il y a d'autres échéances aussi qui vont arriver et je vais m'employer à y aller et à travailler pour ça. Je n'en dit pas plus pour l'instant parce qu'il suffit qu'on me dise ce qu'on va faire pour que tout le monde vous saute dessus. En tout cas, j’ai beaucoup de projets, et surtout, je suis demandée par beaucoup d'élus selon les territoires qui voudraient soit que je prenne une mairie, un canton... Moi, j'ai besoin de réfléchir et de voir ça tranquillement", conclut Brigitte Bourguignon.

Un lot de consolation pour l'ex-députée et ancienne ministre, quelques mois après son échec : Brigitte Bourguignon a fait partie de la promotion du 14 juillet pour la Légion d'honneur. Les noms de plusieurs ministres du premier quinquennat d'Emmanuel Macron figurait sur la liste. 

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