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Les chaînes et les radios contestent les sanctions du CSA

C'est une démarche inédite. Quatorze patrons de radios et de télévisions viennent de publier une lettre ouverte. Ils critiquent les sanctions reçues de la part du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel sur le traitement des attentats du mois de janvier.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Des reporters en poste près du lieu où étaient retranchés les frères Kouachi, le 9 janvier dernier, à Dammartin-en-Goële © REUTERS/Eric Gaillard)

Dans leur lettre ouverte, les quatorze patrons de radios et télévisions parmi lesquels Laurent Guimier, le directeur de France Info, estiment que "l'information est menacée" et s'interrogent ; "Dans quelle autre grande démocratie reproche-t-on aux médias de rendre compte des faits en temps réel ?" . Quatorze patrons de médias audiovisuels (TF1, France 2, France 3, France 24, BFM TV, i-télé, LCI, Euronews, France Inter, France Info, Europe 1, RTL, RMC et RFI) ont signé cette lettre ouverte publiée dans la nuit de mardi à mercredi. Une lettre rédigée au terme d'une réunion elle aussi inédite : tous les médias mis en cause par le CSA s'étaient rassemblés hier après-midi au siège de TF1. Une rare unanimité, surtout entre médias publics et médias privés.

Tous ces médias estiment avoir fait leur travail pendant les attentats du 7 et du 9 janvier dernier, ou en tout cas avoir fait de leur mieux dans des circonstances très difficiles. Des heures de direct, des informations contradictoires, des prises de décision très rapides... Il y a eu effectivement des manquements que tout le monde reconnaît, comme la diffusion d'images du policier tué au sol ou l'annonce d'otages cachés dans l'imprimerie ou dans l'hyper casher. Mais ce qui choque les chaînes, c'est que le CSA leur reproche d'avoir "annoncé que des affrontements contre des terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu'Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes." Treize médias ont été mis en demeure pour ce fait précis. Les chaînes et les radios répondent : "En l'absence de discussion contradictoire, le CSA a rendu une décision sans précédent, infligeant pas moins de 36 mises en demeure et mises en garde, jetant le discrédit sur le travail des rédactions de la quasi-totalité des radios et télévisions françaises publiques et privées" . Et ils poursuivent : "La liberté de la presse est un droit constitutionnel. Les journalistes ont le devoir d'informer avec rigueur et précision. Le CSA nous reproche notamment d'avoir potentiellement 'attenté à l'ordre public' ou pris le risque 'd'alimenter les tensions au sein de la population'. Nous le contestons"

"La décision du CSA doit interpeller les pouvoirs publics"

"Nous considérons que la décision du CSA porte en germe le danger d'une alternative : se censurer ou se voir sanctionné" affirment les signataires de la lettre ouverte, estimant que cette sanction collective "doit interpeller les pouvoirs publics garants de la démocratie dont la liberté d'expression est le fondement."

Le CSA est une autorité indépendante et le gouvernement fait toujours très attention à ne pas commenter ses décisions. La ministre de la Culture ne semble cependant pas particulièrement choquée : interrogée lundi dernier sur i-télé, Fleur Pellerin a indiqué qu'elle souhaitait créer "un dispositif de crise" pour les médias, comme nommer des référents au sein de la police auxquels les journalistes pourraient s'adresser pour vérifier des informations. Il faut donner aux médias "un cadre plus clair" , affirme Fleur Pellerin, des propos qui provoquent quelques réactions négatives au sein des rédactions. En attendant, plusieurs médias réfléchissent à la possibilité de saisir le Conseil d'Etat pour contester la sanction du CSA sur le plan judiciaire.

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