Édito
Budget 2025 : François Bayrou va-t-il conclure avec le PS, son flirt de longue date ?

François Bayrou a entamé des discussions avec la gauche, hors Insoumis, pour boucler le budget et échapper à la censure. Jusqu’où peut aller ce rapprochement ?
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Olivier Faure et Francois Bayrou lors de la cérémonie d'hommage aux victimes françaises des attaques terroristes en Israël, le 7 février 2024. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

On le saura très vite, sans doute avant mardi 14 janvier 2025, jour de la déclaration de politique générale du Premier ministre devant l’Assemblée nationale. Réussira-t-il à éviter la censure, à dissuader les députés socialistes, et éventuellement leurs homologues écologistes et communistes, d’approuver le texte que déposeront les Insoumis dans la foulée ? C'est possible mais pas sûr.

Le ministre de l’Économie Éric Lombard a encore reçu, au soir du mercredi 8 janvier à Bercy, les trois groupes de gauche. Le patron du PS Olivier Faure réclame des "concessions remarquables" et François Bayrou se dit prêt à rediscuter "sans tabou" de la réforme des retraites, y compris de l’âge légal de départ à 64 ans.

François Bayrou et les socialistes, une longue histoire

Ce n’est pas la première fois que François Bayrou discute avec des socialistes. C’est même une très longue histoire. Son premier flirt remonte à François Mitterrand, il y a 30 ans. Ministre de l’Éducation dans le gouvernement de cohabitation d’Édouard Balladur, le jeune François Bayrou était alors tombé sous le charme de Mitterrand, et de la dimension littéraire qui habitait l’ancien chef de l’État. Au point qu’en décembre 2024, au soir de sa nomination à Matignon, il a choisi de citer le premier président socialiste, qui avait accueilli son élection du 10 mai 1981 par ces mots : "Enfin, les ennuis commencent..." Finalement, le flirt n’a pas été concluant et François Bayrou n’a pas changé de camp.

Nouvel épisode en 2007 : arrivé 3e au premier tour de la présidentielle et fâché avec Nicolas Sarkozy, il s’affiche à la télévision avec Ségolène Royal, mais il choisit le vote blanc. La candidate PS a raconté qu’entre les deux tours, elle est même allée le draguer sous ses fenêtres. François Bayrou ne l’a pas fait monter.

Les dragueurs et les dragués

Mais en 2012, cette fois, le centriste a appelé à voter pour François Hollande. Tout le monde s’en souvient, Nicolas Sarkozy le premier. Ce ralliement a été décisif pour François Hollande, qui l’a remercié en le faisant battre un mois plus tard aux législatives. L’ancien président le regrette aujourd’hui, même s’il se défausse encore sur la patronne du PS de l'époque, Martine Aubry, qui avait investi une candidate face à Bayrou. S’il avait ouvert sa majorité aux centristes, peut-être que François Hollande aurait connu un mandat plus paisible. Il n’a pas eu cette audace.

Aujourd’hui, François Bayrou n’a plus le choix. Pour la première fois, les rôles sont inversés. Il est dans la peau du "dragueur", et les socialistes dans celle des "dragués". S’il veut durer à Matignon, comme disait Jean-Claude Dusse, il est temps de conclure. La méthode est connue : "Oublie que t’as aucune chance, fonce, sur un malentendu, ça peut marcher."

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