Édito
Commission d’enquête parlementaire sur le dérapage budgétaire : tout le monde veut aujourd'hui faire preuve d’exemplarité

L'Assemblée nationale a ouvert la voie mardi à la création d'une commission d'enquête sur le dérapage des finances publiques, réclamée par les oppositions de droite comme de gauche, et dont le Premier ministre Michel Barnier a souhaité qu'il en sorte "la vérité".
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, le 8 octobre 2024. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Une commission d’enquête parlementaire devrait bientôt se pencher sur les causes de l’aggravation du déficit budgétaire. Au sein de cette Assemblée nationale éclatée, on croyait impossible de réunir une majorité. Hé bien, miracle, c’est chose faite ! La Conférence des présidents en a acté le principe, mardi 15 octobre, et la commission des Finances devrait confirmer, mercredi 16 octobre, son souhait de se transformer en commission d’enquête. La gauche, la droite, le bloc central, le RN, tous les bancs du Palais-Bourbon semblent prêts à se pencher tous ensemble au dessus d’un gigantesque trou, celui du déficit budgétaire. Avec la volonté d’en sonder les profondeurs, et surtout de trouver les responsables d’une dérive financière d’une ampleur inédite : 52 milliards d’euros, la différence entre le déficit prévu il y a un an, 4,4% du PIB et le résultat finalement attendu, 6,1 % du PIB ! Michel Barnier a donc souhaité, mardi, qu’une commission d’enquête "détermine les chiffres, les faits et dise la vérité aux Français" sur "l’emballement" des dépenses qui a plombé les comptes publics.

 Une telle unanimité s'explique d’abord à cause de la gravité de la situation. Quelque "3250 milliards de dettes !", a rappelé le Premier ministre mardi. Elle s'explique aussi en raison, donc, de ce gouffre qui s’est creusé entre les prévisions de Bercy et la réalité. Un tel écart exige des explications, il en va de la crédibilité de la parole publique. Par ailleurs, cette commission d’enquête ne gêne pas le Premier ministre. Au contraire, elle peut lui permettre de charger un peu plus la barque de ses prédécesseurs et donc de justifier les décisions difficiles qu’il est amené à prendre. Gabriel Attal ne pouvait pas non plus s’y opposer, et sans doute espère-t-il que la brièveté de son passage à Matignon atténue sa responsabilité dans l’envol des dépenses. 

Une responsabilité commune

Tout le monde veut faire preuve d’exemplarité. À commencer par l’Élysée qui a fait savoir mardi que la présidence de la République refuse toute hausse de ses crédits. Même chose pour les deux chambres du Parlement, l’Assemblée et le Sénat. À l’heure où le gouvernement demande des efforts aux Français, tout le monde prétend donc aujourd’hui donner l’exemple. Sans doute parce tout le monde était un peu coupable hier de la dégradation des comptes publics. Le chef de l’État et ses gouvernements successifs bien sûr. Bruno Le Maire qui a passé sept ans à Bercy et se dit "à la disposition" de la commission d'enquête devant laquelle il rappelera notamment qu'il a plaidé en vain au printemps pour l'adoption d'un collectif budgétaire. Mais aussi, un peu, la plupart des opposants, de gauche, de droite, et du RN qui n’ont eu de cesse depuis des années de réclamer à l’exécutif des dépenses supplémentaires.

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