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Édito
Convention citoyenne sur la fin de vie : prudence et flou du côté de l'Elysée
C'était une promesse du candidat Macron. Près de 175 citoyens ont été tirés au sort, comme sur l’environnement il y a trois ans. Cette fois, ils ont un peu plus de trois mois pour répondre à une question dont le libellé, sinueux, illustre la complexité de l’enjeu : "Le cadre d’accompagnement de fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ?" En clair, faut-il réformer la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui autorise la "sédation profonde", et aller plus loin, vers le "suicide assisté" voire la légalisation de l’euthanasie ?
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Sur cette question, on ne sait pas ce que souhaite Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat marche sur des œufs. Il s’était d’abord avancé, à l’orée de la campagne, sous l’influence de l’aile la plus progressiste de sa majorité, et de certaines personnalités comme Line Renaud, marraine de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. Et puis il a prudemment freiné, notamment après une visite au pape François, au Vatican, en octobre. Et il s’emploie à ne rien laisser transparaître de ses convictions pour dépolitiser le débat.
Ne pas en faire un enjeu politique
Emmanuel Macron a un contre-exemple en tête : la controverse autour du mariage pour tous, sous François Hollande, qui avait enflammé la société française pendant des mois et attisé un climat homophobe nauséabond. La fin de vie est un sujet qui relève de l’intime, répète-t-on à l’Elysée, pas question d’en faire un enjeu politique.
Certes, dans les sondages, une nette majorité de l’opinion se prononce pour une législation plus avancée sur la fin de vie. Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de Français sont confrontés à des cas de conscience pour leur entourage le plus proche. Les cas de famille qui se rendent en Suisse, pour recourir au suicide assisté, ou en Belgique où l’euthanasie a été légalisée, sont plus fréquents. Il n’empêche que ces dernières semaines, les représentants des cultes se sont mobilisés pour afficher un front commun contre toute nouvelle loi. Davantage de voix hostiles se font aussi entendre à droite et à l’extrême droite. À se hâter lentement, très lentement, pour chercher un consensus, Emmanuel Macron prend aussi le risque de laisser s’organiser les partisans du statu quo.
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