Édito
Électricité, franchises médicales... le gouvernement face à la périlleuse sortie du "quoi qu’il en coûte"

Après l'augmentation du prix de l'électricité, place à celle des franchises médicales. Ces deux hausses successives qui touchent directement à la vie quotidienne représentent un risque politique pour l'exécutif.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre, Gabriel Attal, avec plusieurs ministres, notamment Bruno Le Maire et Amélie Oudéa-Castera, lors de la conférence de presse d'Emmanuel Macron, le 16 janvier 2024, à l'Élysée. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Après celle des tarifs de l’électricité dimanche, le gouvernement a confirmé, lundi 22 janvier, une autre augmentation, celle des franchises médicales. Deux augmentations qui ne sont ni de la même nature, ni de la même ampleur. Entre 8,6 et 9,8%, d'augmentation, selon les contrats, pour l’électricité. Un doublement de 50 centimes à un euro pour les franchises sur les boîtes de médicaments et les actes paramédicaux.

Deux hausses qui étaient attendues mais qui touchent directement à la vie quotidienne des Français, à ce titre, elles présentent un risque politique réel pour l’exécutif. L’inflation a ralenti, mais elle demeure élevée et les baisses de prix de certains produits alimentaires ne se feront pas sentir avant plusieurs semaines. Or, ces deux hausses, l’électricité et les franchises médicales, se succèdent, coup sur coup, et le gouvernement ne fait pas vraiment de pédagogie.

Au vu de l’état calamiteux des finances publiques et du déficit de la Sécurité sociale, qui devrait déraper jusqu’à plus de 11 milliards en 2024, le gouvernement ne pouvait sans doute pas agir autrement. Mais cela n’exclut pas d’argumenter et de faire un effort d’explication auprès de l’opinion. Le 16 janvier, lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron s’est contenté de lancer que passer de 50 centimes à un euro par boîte de médicament n’était pas, je le cite, "un crime terrible". C’est vrai, mais un peu abrupt.

"Responsabiliser" les Français

Quant au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, il a justifié l’augmentation du prix de l’électricité par l’invasion de l’Ukraine par "l’ami de Marine Le Pen, Vladimir Poutine". Ce n'est pas complètement faux, mais sans doute un peu court. Le ministre a aussi souligné la nécessité d’en finir avec le bouclier tarifaire sur l’énergie qui a plombé les comptes de l’État à hauteur de neuf milliards.

C’est la fameuse sortie du "quoi qu’il en coûte", un mort d’ordre qui peut virer à la sortie de route. C’est en tout cas un virage dangereux. Le gouvernement prétend "responsabiliser" les Français et leur consommation d’électricité ou de médicaments. "Responsabiliser", le mot a été répété par le chef de l’État à propos de la hausse des franchises. C’est un objectif louable mais difficile à atteindre alors que le même Emmanuel Macron a longtemps ouvert les vannes de la dépense publique pour câliner les Français à coups de chèques et de boucliers. Et qu’il semble toujours prendre les déficits à la légère en refusant de tirer la sonnette d’alarme sur l’ampleur des déficits.

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