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Édito
Elisabeth Borne confirmée à Matignon : tout ça pour ça ?
Voilà des semaines que l'on parle d'un remaniement, avec la possibilité qu'Emmanuel Macron change jusqu'à la tête de son gouvernement. Mais finalement, lundi 17 juillet, le chef de l'Etat a confirmé Elisabeth Borne à Matignon. Tout ça pour ça : la montagne a accouché d’une souris.
Entre Macron et Borne, une relation très fraîche
L'Elysée s’est d’ailleurs contenté d’un message laconique envoyé à la presse pour annoncer la nouvelle. Ce choix, ou ce non-choix plutôt, c’est celui d'une extrême prudence de la part d’un président devenu plus conservateur que disruptif. Pas question de prendre le risque de nommer quelqu’un qui prendrait trop la lumière, comme Gérald Darmanin, par ailleurs très clivant en tant que ministre. Pas question, non plus, de propulser un potentiel successeur. En fait, en gardant sa Première ministre à Matignon, Emmanuel Macron rappelle que le président pour les trois prochaines années, c’est encore lui.
Ce qui est étonnant dans ce choix du président, c'est qu'il entretient avec la locataire de Matignon des relations assez froides. Elisabeth Borne n’a jamais été ménagée par des macronistes qui lui reprochent notamment sa gestion de la réforme des retraites. Plus gênant, le désaveu, à plusieurs reprises, est venu du président lui-même : quand, fin mai, la Première ministre qualifie le RN de parti "héritier de Pétain", "l’extrême droite ne se combat pas par des arguments moraux", lui répond sèchement Emmanuel Macron. Des proches du chef de l’Etat déplorent aussi qu’en privé, la relation soit glaciale, à mille lieues de l’entente cordiale qui prévalait avec Jean Castex.
Une victoire politique pour Borne
Mais, et c’est aussi pour cela qu’elle reste à Matignon, Elisabeth Borne a fait la démonstration qu’elle avait le dos large et qu’il en fallait plus pour la déstabiliser. Elle a démontré une vraie résilience, valeur portée au pinacle par le président et qualité utile en ces temps de crise, pour endurer le combat. Ce maintien à Matignon, même s’il se fait sans tambour ni trompettes, est une victoire politique pour elle.
Ce choix est enfin celui d'un Emmanuel Macron qui se prépare à une rentrée difficile politique. L’épreuve de l’examen du budget, prévu comme tous les ans à l'automne a pu jouer. Il faudra certainement dégainer comme l'an passé le 49.3, et il y a donc une angoisse : qu’une des nombreuses motions de censure attendues soit adoptée.
"À quoi bon nommer un nouveau Premier ministre s’il doit être renversé ?"
Agathe Lambret, éditorialiste politiqueà franceinfo
Pour affronter cette rentrée incertaine, Emmanuel Macron compte sur quelques ministres plus forts pour remplacer les maillons faibles. Il y aura des "ajustements", a confirmé hier Matignon, qui doivent être annoncés dans la semaine, mais il est peu probable que ce soit le grand soir. Malgré les longs mois de conflits provoqués par la réforme des retraites, malgré ces nuits d’émeutes qui ont sidéré les Français, Emmanuel Macron, qui a pourtant pris cent jours de réflexion, a décidé de ne pas en tirer de conclusion politique majeure.
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