Édito
Hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard : où en est la défense de la laïcité à l'école ?

En hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard, deux professeurs assassinés par des islamistes radicalisés, une minute de silence était demandé lundi dans tous les collèges et lycées de France. Même si le nombre d'atteintes à la laïcité semble en baisse en 2024, la situation reste toujours préoccupante.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une minute de silence au lycée Sévigné à Cesson-Sevigné, France, le 14 octobre 2024, lors de l'hommage national aux Hommage national de l'Education Nationale aux deux professeurs assassinés Samuel Paty et Dominique Bernard. (VINCENT MICHEL / MAXPPP)

Une minute de silence a été observée, lundi 14 octobre, dans tous les lycées et collèges du pays à la mémoire de Dominique Bernard et Samuel Paty, deux enseignants assassinés devant leurs établissements scolaires par des terroristes islamistes, le premier le 13 octobre 2023 à Arras, une cérémonie s’était tenue dans son lycée dimanche, le second à Conflans-Sainte-Honorine, à la sortie du collège du Bois d’Aulne, bientôt rebaptisé Samuel Paty, cela fera pile quatre ans mercredi, le 16 octobre. Michel Barnier s’y est rendu lundi pour leur rendre hommage. Deux professeurs, l’un d’histoire, l’autre de lettres, tués parce qu’ils incarnaient le savoir, l’émancipation, la laïcité, ces valeurs héritées des Lumières qui sont insupportables aux intégristes islamistes.
 
L’État a en partie tiré les leçons de ces tragédies.  L’ancien ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, s’est attaqué au syndrome du "pas de vagues" qui incite la communauté éducative à mettre sous le tapis les atteintes à la laïcité. Plusieurs dizaines de milliers d’agents publics ont été formés aux valeurs de la République pour intervenir dans les établissements en cas de problème. Lors de son passage rue de Grenelle, Gabriel Attal a repoussé une autre offensive vestimentaire de l’intégrisme religieux en interdisant le port de l’abaya. Et voilà que la nouvelle ministre, Anne Genetet, se réjouit d’une forte baisse des atteintes à la laïcité dans les écoles : 110 relevées en 2024 contre 883 en 2023.

L'impressionnante autocensure des professeurs 

La situation ne s’améliore pourtant pas vraiment. Derrière ces statistiques, le problème de fond demeure. Plus de la moitié des enseignants se sont déjà autocensurés, passant sous silence des parties du programme, notamment en histoire, pour éviter des incidents ! Une proportion ahurissante révélée par un rapport du Sénat au printemps. Vingt ans après son entrée en vigueur, la loi qui interdit le port de signes religieux dans les établissements scolaires est encore contestée, comme l’a montré l’agression d’une enseignante frappée par une élève à Tourcoing la semaine dernière. Enfin, depuis le 7 octobre 2023, les incidents antisémites explosent. Ils ont été multipliés par quatre en un an.

Garante de neutralité et de tolérance, la laïcité, pilier de notre école, est attaquée de toutes parts. Elle devrait être l’affaire de tous les républicains. Elle est hélas trop souvent délaissée, y compris par une frange de la gauche comme le montre l’évolution de LFI. Or, comme le disait le dessinateur Charb, lui-même assassiné lors de l’attentat de Charlie il y a bientôt 10 ans : "J’ai moins peur des intégristes religieux que des laïques qui se taisent."

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