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Édito
La désignation d’un candidat unique pour le perchoir est-elle le signe d’une avancée dans le bloc de gauche ?
Désigner un candidat unique pour la présidence du perchoir marque certes une avancée à gauche mais attention : ça s’est joué au niveau du Parlement où il y a une envie manifeste d’être rassemblés, de porter une voix de gauche et de peser dans l’hémicycle. Les députés sont moins dans les jeux d’appareil. Sans compter qu’ils font directement face aux remontées de terrain des électeurs qui leurs disent combien les querelles, divisions, invectives, et petites tractations au sein du bloc de gauche les désolent.
Rien à voir avec les discussions pour Matignon. Deux salles, deux ambiances ! Pour Matignon, on est dans une logique de partis, d’appareils, avec des discussions de conclaves. Et là, pour le coup, les négociations sont au point mort. Aucun nom ne semble créer le consensus. Le Nouveau front populaire ne parvient pas à se mettre d’accord. C’est l’impasse. De là à dire qu’au sein du Nouveau front de gauche, le divorce est consommé, disons déjà que, pour qu’il y ait divorce, il eût fallu que le mariage soit bien réel entre les socialistes et les insoumis.
Un mariage blanc, une rupture inévitable
Or, cette alliance ressemble plutôt à un mariage blanc, celui que l’on fait pour obtenir les papiers – comprenez suffisamment de voix pour se faire élire, pour faire barrage au RN ou au macronisme, plus qu’un vrai mariage d’amour, de sentiments, de passions. Entre ces époux-là, les lignes, les visions du monde semblent tellement éloignées sur des sujets aussi importants que le nucléaire, l’industrie, ou même la laïcité que l’on voit mal comment la simple cohabitation sous le même toit est possible, même dans une maison bâtie à la vite, même avec une devanture si bien soignée, qui renvoie à l’imaginaire du Front populaire initial, celui de 1936 qui a marqué les luttes sociales, et promis des lendemains qui chantent.
Comment en sortir ? C’est tout le problème car en réalité, chaque partie a envie de claquer la porte, mais aucune ne veut de prendre l’initiative de la rupture. Ce serait prendre le risque d’apparaître aux yeux des électeurs comme le traître, le mauvais coucheur, celui piétine l’espoir du rassemblement. La France Insoumise ne veut pas entendre parler de compromis, et n’entend pas gouverner si les conditions ne sont pas celles qu’elle entend imposer. Les socialistes, eux, se verraient bien rejoindre un bloc de gouvernement.
Reste qu’à trop attendre à dire la vérité, à prononcer l’inévitable scission, les partisans de ce nouveau Front populaire s’exposent à une seule chose : la colère des électeurs qui se sentent, à raison, dupés, trahis et instrumentalisés. Sans compter que les chances pour André Chassaigne, député à l’expérience reconnue, d’accéder au perchoir restent pour le moins incertaines.
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