Édito
Loi immigration : la droite remet en cause l’existence même de l’institution qui garantit le respect de la Constitution

Le Conseil constitutionnel a largement censuré, jeudi, la loi sur l’immigration, fruit d’un compromis entre la majorité et Les républicains. La droite dénonce une "capitulation".
Article rédigé par Renaud Dély, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'entrée du siège du Conseil constitutionnel, à Paris, le 8 décembre 2023. (BERTRAND RIOTORD / MAXPPP)

Les Sages ont retoqué, jeudi 25 janvier, à peu près toutes les mesures qu’avait imposées la droite pour approuver le texte de la loi immigration : le délai de carence imposé aux étrangers pour percevoir des prestations sociales, la caution réclamée aux étudiants, le durcissement des conditions du regroupement familial, ou encore les quotas annuels décidés au Parlement.

Des mesures annulées soit parce qu’elles n’avaient rien à faire dans ce texte, soit parce qu’elles contreviennent sur le fond à la Constitution. Une décision juridique logique qui est d’abord un camouflet pour la droite qui ne décolère pas et dénonce une "capitulation" du Conseil.

Les républicains (LR) veulent repartir à l’assaut. Ils voient dans cette censure la preuve qu’il faut changer la Constitution pour légiférer de façon plus musclée sur, ou plutôt contre l’immigration. LR réclame donc de plus belle un référendum. Rappelons qu’Emmanuel Macron s’était dit prêt à ouvrir le chantier de l’élargissement du champ du référendum. Il l’a refermé parce qu’il y a deux mois, Éric Ciotti a choisi de boycotter la réunion de Saint-Denis prévue à cet effet.

Qu’un camp politique dénonce vivement une décision du Conseil constitutionnel, cela n’a rien de neuf. Tous l’ont fait. Jeudi, la gauche applaudissait les Sages. Au printemps dernier, quand ils ont validé la réforme des retraites, elle les accusait d’être "plus attentifs aux besoins de la monarchie présidentielle qu’à ceux du peuple souverain", dénonçait alors Jean-Luc Mélenchon. Le souci, c’est que la droite va beaucoup plus loin.

Une menace contre un des piliers de l'État de droit

La droite remet en cause l’existence même de l’institution qui garantit le respect de la Constitution. François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes, et Jordan Bardella, dénoncent, en chœur "un coup de force des juges". Et Laurent Wauquiez assène carrément que le Conseil n’est plus à "sa place", qu’il est "sorti de son lit" et que c’est au Parlement d’avoir le dernier mot. De surenchère démagogique en dérive populiste, droite et extrême droite, main dans la main, menacent l’un des piliers qui soutient et protège notre État de droit.

Et le plus l’inquiétant, c’est que LR et le Rassemblement national (RN) mènent la charge en dressant l’opinion, dont ils revendiquent le soutien sur l’immigration, contre notre Loi fondamentale. Une fuite en avant suicidaire pour le bon fonctionnement de notre démocratie.

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