Édito
Remaniement : François Bayrou justifie son refus d'entrer au gouvernement en adressant un réquisitoire au chef de l’État

Alors que son nom circulait depuis trois jours autour d'une nomination possible, François Bayrou l’a annoncé mercredi soir, il ne fera pas partie du gouvernement. Mais lors de cette intervention, le ton était particulièrement acide.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le chef du parti centriste MoDem François Bayrou, le 5 janvier 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

À peine blanchi et requinqué par la justice, François Bayrou aura claqué la porte du gouvernement avant même qu’elle ne s’ouvre. Depuis trois jours, la rumeur de sa nomination enflait. Le patron du MoDem faisait monter les enchères. Il réclamait cinq postes pour ses troupes et l’Éducation nationale pour lui-même. Il pensait, disait-il, pouvoir "corriger la crise de confiance" de l’école. Mais Emmanuel Macron lui a proposé la Défense. François Bayrou a refusé et il se justifie en adressant un réquisitoire au chef de l’État. 

Critique du profil des ministres déjà en place

Il se fait très critique envers l’exécutif, évoquant à la fois "une différence d'approche sur la méthode" de gouvernement et "une absence d’accord profond sur la politique à suivre". On sait que François Bayrou juge que le gouvernement penche trop à droite, qu’il est même trop sarkozyste. Il était également assez hostile à la nomination de Gabriel Attal à sa tête. De son côté, le Premier ministre n’avait pas très envie d’intégrer Bayrou dans son équipe.

Mais au-delà du locataire de Matignon, le leader centriste cible directement le chef de l’État. Et il appuie là où ça fait mal au macronisme, en dénonçant "le gouffre qui s'est creusé entre la province et Paris" et la "distance de plus en plus grande entre les citoyens et l'action publique". Ce sont pile deux des principaux reproches qu’une grande partie de l’opinion inflige à Emmanuel Macron. Des reproches accentués par le profil des 15 ministres déjà nommés début janvier : les trois quarts sont franciliens, et pas un seul n’est issu du sud de la Loire.

Majorité au bord de la crise de nerfs

Si la majorité n'est pas menacée par cette crise, elle est en tout cas fragilisée. François Bayrou n’a sans doute pas les moyens de passer carrément dans l’opposition, surtout au moment où l’extrême droite semble aux portes du pouvoir. Mais cette crise tombe au pire moment, car elle vient clôturer l’interminable séquence du remaniement. Un mois d’attente pour compléter le gouvernement avec une quinzaine de ministres délégués et de secrétaires d’État.

Ce fut un mois pendant lequel des secteurs qui concernent directement la vie quotidienne des Français, comme le logement, les transports ou la santé, n’ont pas eu de ministre dédié. Ce fut aussi un mois d’hésitations, de coups bas en coulisses, et à l’arrivée on retrouve une majorité au bord de la crise de nerfs. Pour Emmanuel Macron, il y a urgence à se décider s’il veut enfin lancer ce second quinquennat qui n’en finit pas de ne pas démarrer.

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