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Édito
Visite d'État de Xi Jinping : le sujet tabou des droits de l’homme
Après une première journée consacrée aux enjeux commerciaux et sécuritaires, la visite du président chinois Xi Jinping prend, mardi 7 mai, un tour un peu plus intime avec une escapade dans les Hautes-Pyrénées, à La Mongie. Emmanuel Macron veut lui faire découvrir les lieux où il passait ses vacances, enfant, chez sa grand-mère. Les deux présidents vont même escalader le col du Tourmalet, mais pas en tandem, pour déjeuner au sommet. Une petite attention personnelle en écho à celle que son homologue lui avait accordé en 2023. Xi Jinping l’avait alors reçu à Canton, la ville de son enfance. Des échanges de bonnes manières qui agrémentent fréquemment ces visites officielles.
Certains reprochent à Emmanuel Macron d’en faire un peu trop. C’est le risque quand on déroule le tapis rouge à un dirigeant qui n’a rien d’un démocrate. Les marques d’affection ne sont pas vraiment bienvenues. On se souvient, par exemple, de Bernadette Chirac dansant une valse au son de l’accordéon avec le président Jiang Zemin invité en Corrèze en 1999. C’est justement dans ce cadre intime, qu’Emmanuel Macron devrait aborder le sujet tabou de ce type de visites : les droits de l’homme. Mais attention, l’Élysée fait savoir que le chef de l’État préfère évoquer ces "désaccords" derrière des "portes closes".
Pas d’incidents en vue
Cet échange devrait être très policé, sans avancée sur le fond et sans esclandre sur la forme. Il n’en a pas toujours été ainsi par le passé. Les droits de l’homme, c’est le sparadrap qui colle aux basques du président français lorsqu’il accueille un dictateur. Ne sommes-nous pas la fameuse "patrie des droits de l’homme" ? De quoi susciter quelques incidents. On se souvient, par exemple, de Laurent Fabius, alors Premier ministre, confessant son "trouble" lorsque François Mitterrand avait reçu le général polonais Jaruzelski en décembre 1985. Ou de la réaction de Rama Yade, secrétaire d’État chargée des droits de l’homme, outrée par le traitement accordé par Nicolas Sarkozy au colonel Kadhafi qui avait planté sa tente dans les jardins de l’hôtel de Marigny en décembre 2007. "La France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits", avait-elle déclaré. Étrangement, Rama Yade reste la dernière titulaire du poste. Depuis son départ du gouvernement, il y a 15 ans, le portefeuille des droits de l’homme n’a plus connu de ministre ou de secrétaire d’État attitré.
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