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Édito
Élections européennes : quelle est la stratégie médiatique d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal en cette fin de campagne ?
En cette dernière semaine de campagne, Emmanuel Macron et Gabriel Attal multiplient les interviews. Cette omniprésence médiatique est une stratégie risquée. D’abord parce qu’elle fait polémique. Les oppositions ont saisi l’Arcom pour que l’intervention du chef de l’État, jeudi 06 juin sur TF1 et France 2, soit décomptée du temps de parole de la liste de Valérie Hayer. Emmanuel Macron s’exprimera au soir des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement et à la veille de la visite officielle de Joe Biden. Il évoquera la situation internationale, en Ukraine comme à Gaza, mais aussi, sans doute, l’enjeu des élections européennes.
L’autre risque de cette communication tous azimuts, c’est la maladresse. Comme lorsque Gabriel Attal a fait un crochet lundi, en sortant de son interview à franceinfo, par l’amphithéâtre de Radiofrance voisin où se succédaient les candidats. Il a interrompu la prestation de Valérie Hayer pendant trois minutes, ce qui a suscité un tollé chez ses adversaires. Même Marine Le Pen s’est découvert des accents féministes assez inédits pour s’indigner du sort réservé à la candidate Renaissance. Mais pour la majorité, l’omniprésence de l’exécutif soulève un autre risque plus important, celui d’attiser le réflexe de "vote sanction" qui semble bien être le principal moteur du vote Bardella.
Tenter de remobiliser la base électorale
À l’Élysée, au vu du retard de Valérie Hayer, on considère avoir plus à gagner qu’à perdre en essayant de remobiliser la base électorale macroniste. C’est ce qui avait aussi conduit le chef de l’État à défier Marine Le Pen pour un débat qu’elle a refusé, ou ce qui l’amène à accorder aujourd’hui un entretien au média en ligne le Crayon pour exhorter les jeunes à se mobiliser contre la montée de l’extrême droite en Europe.
Un Président qui s’implique dans la campagne européenne, ce n'est pas du jamais vu. Emmanuel Macron en fait beaucoup mais en 2014, François Hollande s’était affiché aux côtés d’Angela Merkel. Il avait aussi publié une tribune et il dramatisait l’enjeu en répétant : "Jamais les questions européennes n’ont été aussi brûlantes". En 2009, Nicolas Sarkozy avait carrément organisé un meeting, à Nîmes, pour vanter son bilan européen. À chaque fois, les oppositions s’étaient indignées et avaient exigé que ces interventions soient décomptées du temps de parole de la majorité. Et à chaque fois, au lendemain du vote, les Présidents successifs se sont dépêchés d’affirmer qu’il ne fallait tirer aucune conséquence nationale d’un scrutin européen.
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