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Horizons, le RSA et 120 millions d'euros : le premier couac dans la majorité d’Emmanuel Macron

Les députés du groupe Horizons, c’est-à-dire du parti d’Edouard Philippe, ont voté un amendement avec les oppositions… et contribué à faire battre le gouvernement à l’Assemblée. L'édito politique de Neïla Latrous.

Article rédigé par franceinfo
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Le président français Emmanuel Macron  s'entretient avec l'ancien Premier ministre français et maire du Havre Edouard Philippe, au Havre, le 14 avril 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

C'est un amendement à 120 millions d’euros ! La semaine dernière, l’Assemblée nationale a examiné le volet "dépenses" du texte sur le pouvoir d’achat : a alors été adoptée l’augmentation de 4% des prestations sociales, dont le Revenu de Solidarité Active (RSA), versé par les départements qui ont demandé une compensation. C’était tout l’objet de cet amendement discuté le week-end du 23 et 24 juillet 2022 : compenser le coût supplémentaire pour les départements en leur versant une dotation de 120 millions d’euros.

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Bruno Le Maire, ministre de l’Economie était contre, le rapporteur du projet de loi aussi... sauf que l’amendement a été adopté, grâce aux voix de la gauche, des Républicains, du Rassemblement national… et des 13 députés Horizons présents au moment du vote. C’est la première fois que les alliés d’Emmanuel Macron votent contre le gouvernement.

Pour expliquer ce "couac", il y a plusieurs niveaux de lecture, comme souvent en politique. D’abord, rien de surprenant de la part d’Horizons que de voter un amendement en faveur des collectivités. Dès la création de son parti, Edouard Philippe a voulu le positionner comme la formation la plus proche, la plus représentative des élus locaux, en opposition à un supposé centralisme parisien d’En Marche, le parti présidentiel.

2027, (déjà) dans le viseur

Le second niveau de lecture, c’est le calendrier électoral. L’an prochain, le Sénat est renouvelé à moitié, Horizons espère s’y installer comme à l’Assemblée nationale avec un groupe charnière qui fait et défait les majorités. Et qui trouve-t-on parmi les grands électeurs ? Ceux-là même qui, l’an prochain, sont appelés à voter pour les sénatoriales : à savoir les conseillers départementaux, premiers concernés par cet amendement de 120 millions d’euros sur le RSA.

Enfin, à échéance plus lointaine, il y a aussi la présidentielle de 2027. Et le fait qu’Edouard Philippe se positionne pour succéder à Emmanuel Macron n’a rien de secret. Alors, autant commencer dès à présent à jouer sa propre musique. D’autant que le ministre mis en minorité, lors des débats, c’est Bruno Le Maire présenté comme un rival éventuel sur la route de l’Elysée… qui s’est personnellement attelé ces derniers mois à entraver Edouard Philippe dans sa construction partisane.

Certains candidats aux législatives de juin dernier ont d'ailleurs raconté avoir reçu un coup de fil du ministre de l’Economie pour les dissuader de concourir sous les couleurs d’Horizons. Or, on le sait : la vengeance est un plat qui se mange froid... Ce vote d’Horizons, sur un amendement qui, a priori, ne changera pas la face de la France, est enfin un mouvement d’humeur adressé à l’Elysée, qui ne semblait n’avoir d’yeux que pour Les Républicains en ce moment. Or, tout le pari d’Edouard Philippe, c’est que LR se disloquera et qu’il reconstruira la droite autour de lui. Vous connaissez le célèbre adage : "Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !"...

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