L'épilogue "queue de poisson" de la loi Macron
30 députés dans l’hémicycle, un discours monocorde, monotone et expédié du Premier ministre, 6 minutes de séance sans débat et à l’arrivée un troisième et dernier 49.3 justifié encore une fois par Manuel Valls :
Maintenant il faut mettre en œuvre cette loi sans tarder. Je connais la sensibilité de votre Assemblée sur la question de l’application des textes qu’elle adopte. C’est normal, c’est la responsabilité de mon gouvernement. Les premiers textes sur l’ouverture des lignes d’autocar, sur l’ouverture dominicale des commerces, sur les zones touristiques internationales sont prêts et seront publiés sans tarder. Nous adopterons avant la fin de l’année l’ensemble des mesures d’application de la loi.
Un épilogue donc un peu "queue de poisson" pour cette loi Macron et des regrets pour le député Les Républicains de la Drôme Hervé Mariton :
Si le gouvernement espère remonter le moral des Français comme cela, c’est mal parti. Que face à l’absence de majorité, il se retrouve à présenter un texte avec aussi peu de conviction, c’est vraiment le service minimum du service minimum.
Même tonalité chez le patron du groupe centriste à l’Assemblée, Philippe Vigier :
Terminer une loi par trois 49.3, c’est une formidable occasion manquée. On aurait pu faire en coproduction législative, majorité et opposition, un vrai texte qui apporterait de la croissance, de l’activité et de l’emploi. C’est vraiment dommage de terminer en cinq minutes un texte aussi important que cela.
Pourtant, la loi Macron est le texte qui aura été le plus débattu au Parlement depuis le début de la législature : 450 heures en tout, 300 articles à l’arrivée, près de 10.000 amendements déposés, 2.300 acceptés dont un qui n’a pas plus du tout à l’écologiste Denis Baupin, un amendement sur le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse. Cette loi, Denis Baupin en retient donc surtout une grosse frustration :
On s’étaient habitués à l’idée que ça passerait par le 49.3 puisque c’était la troisième fois mais que tout d’un coup, on ajoute un sujet qui est vraiment un chiffon rouge pour les écologistes alors même qu’on nous avait promis que ce ne serait pas dans le texte, on l’a vraiment mauvaise.
Les écologistes vont alerter le Conseil constitutionnel sur cette question profitant de la saisine de ce dernier par l’opposition sur la loi Macron. Le Premier ministre a promis de faire tous les six mois une évaluation économique de la loi et de ses impacts. Emmanuel Macron sera en charge de cette tâche.
Le ministre de l’Economie n’est pas élu, mais il a gagné le respect d’un grand nombre de députés à droite, mais aussi à gauche et même chez les écologistes. On a même vu Denis Baupin, qui "l’avait mauvaise" au micro, taper dans la main du ministre après le 49.3 de ce jeudi après-midi :
C’est un ministre qui bosse, qui connaît ses dossiers, qui était très présent aux débats parlementaires et qui savait défendre ses projets sur tous les sujets. Il a clairement fait le job sans négliger le débat parlementaire. Après, on n’a pas forcément les mêmes convictions sur tout mais je trouve que c’est un ministre avec lequel on peut travailler.
Le ministre a prouvé son fort pouvoir de séduction. Sa loi doit maintenant devenir concrète. Les premières mesures phare entreront en vigueur au mieux à la fin de l’été. L’objectif, c’est que la fin de l’année l’ensemble des décrets nécessaires à l’application de la loi soient sortis. Il était temps. Les discussions ont débuté il y a plus d’un an.
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