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Le Rassemblement national se choisit un président... et tente de faire oublier son fondateur

Le Rassemblement national fait sa rentrée politique ce week-end en réunissant son université d’été.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Marine Le Pen entourée de Louis Aliot et Jordan Bardella le 4 juillet 2021 à Perpignan (Hérault) (RAYMOND ROIG / AFP)

Les dirigeants du parti d’extrême droite vont se retrouver au Cap d'Agde, dans l'Hérault, tout le week-end. Un rendez-vous qui sonne donc la rentrée de Marine Le Pen, très discrète depuis le début de l’été. C’est aussi l’entrée dans la dernière ligne droite de la compétition pour sa succession à la tête du parti. Le 5 novembre, on connaîtra le nouveau président à l’issue du vote des 30 000 adhérents. Ils doivent départager l’eurodéputé Jordan Bardella et le maire de Perpignan, Louis Aliot.

Pour la première fois depuis la création du FN, dans un mois et demi ce n’est donc plus un Le Pen qui conduira le parti. Pour autant, il ne s'agit pas d'une vraie rupture : les deux candidats sont deux fidèles de Marine Le Pen et ils auront pour mission de préparer sa 4e candidature présidentielle en 2027. Leur seule différence, c’est l’âge : 27 ans pour Jordan Bardella, le favori, soutenu par l’appareil du parti ; 53 ans pour Louis Aliot, ex-compagnon de Marine Le Pen, à la tête de la seule municipalité RN de plus de 100 000 habitants.

Mais le RN soigne la mise en scène du duel, d’abord pour se peindre en parti moderne, capable de trancher ses différends internes de façon apaisée et démocratique. Ce qui serait nouveau, quand on songe aux nombreuses scissions passées, ou aux évictions ou démissions ces dernières années : Marion Maréchal, Florian Philippot, Gilbert Collard et beaucoup d’autres.

Discrétion sur les 50 ans du parti

L’autre intérêt de cette compétition, c’est d’essayer de masquer l'anniversaire de la création du FN, que Marine Le Pen veut absolument passer sous silence.Un demi-siècle, ça se fête ! Sauf au RN, qui a donc succédé au Front National fondé le 5 octobre 1972 par Jean-Marie Le Pen. Pas de gâteau, pas de bougie, ceinture ! Pas question pour de revendiquer haut et fort cet héritage sulfureux.

Marine Le Pen mise sur l’amnésie, comme le font en ce moment les partis d’extrême droite suédois ou italien qui tentent d’effacer leurs racines fascistes pour se rapprocher du pouvoir. Le RN a pourtant gardé les fondamentaux du FN dans son programme, à commencer par le principe dit de "préférence nationale" qui vise à exclure les étrangers des logements, aides sociales et emplois. Et même les usages n’ont guère changé : Jean-Marie Le Pen exhortait les militants à verser leur obole dans des drapeaux tricolores à la sortie des meetings. Marine Le Pen a juste professionnalisé la collecte : elle vient de lancer un nouvel emprunt auprès des adhérents, le troisième en cinq ans, pour essayer d'effacer les 22 millions d’euros d’endettement du parti.

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