Pourquoi la réforme des retraites reste un casse-tête pour Emmanuel Macron et son gouvernement ?

Revenir sur la réforme des retraites aurait des conséquences financières et cela ne serait pas simple non plus sur le plan politique et même psychologique, notamment du président.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Emmanuel Macron va-t-il revenir sur la réforme des retraites ? (AURELIEN MORISSARD / POOL / AP POOL)

Emmanuel Macron est attaché à la défense de son bilan. Il entend préserver ce qui a été accompli depuis 2017 et on a vu sous le gouvernement de Michel Barnier qu’il ne supportait pas de voir son éphémère Premier ministre remettre en cause sa politique de l’offre avec des hausses d’impôts pesant sur les entreprises. Dès lors, difficile d’imaginer le fondateur du mouvement En marche enclencher la marche arrière sur les retraites.

Rien n'est impossible

Cette réforme ne trône pas au Panthéon du macronisme. Contrairement aux baisses d’impôt, ce n’est pas un marqueur identitaire aux yeux du chef de l’État. La preuve, durant toute la campagne de 2022, il prônait le report de l’âge légal de départ à 65 ans, pourtant, au gré d’un déplacement houleux entre les deux tours de la présidentielle, il avait finalement battu en retraite à la hâte pour fixer l’horizon à 64 ans en 2027.

Le coût politique d’un nouveau recul serait quand même lourd. Il soulignerait un peu plus l’affaiblissement d’un président empêché, contraint d’assister, impuissant, au détricotage de son œuvre. Alors, décidera-t-il de s’opposer à François Bayrou si celui-ci décide de suspendre la mesure d’âge ? À l’Élysée, on répète le précepte en vogue : "Le gouvernement gouverne et le président préside."

Le poids de l'opinion

Un recul serait sans doute bien accueilli par une majorité de Français, sauf, peut-être, et c’est tout le paradoxe, chez les soutiens d’Emmanuel Macron. Les électeurs d’une part, notamment les retraités inquiets du financement de leur pension, mais aussi les élus. Comment faire avaler un retour en arrière aux députés macronistes, et à ceux qui ont été balayés dans les urnes en juillet 2024, alors qu’ils avaient dû faire le dos rond pendant des mois sous la mitraille pour sauver un texte violemment contesté au Parlement comme dans la rue ? Sans compter l’humiliation infligée aux deux anciens Premier ministre qui se sont accrochés à la borne des 64 ans, Gabriel Attal et plus encore Élisabeth Borne, actuelle numéro deux d’un gouvernement qui pourrait lâcher la mesure qui lui a valu de glaner le surnom peu flatteur de "Madame 49.3."

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.