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En Ouganda, la présidente de la cour de justice de la vie sauvage "parle pour ceux qui ne peuvent pas le faire"

Gladys Kamasanyu préside cette cour depuis sept ans à Kampala, un tribunal exceptionnel, le premier du genre en Afrique créé en 2017. Alors qu’elle entame une nouvelle année à sa tête, la magistrate fait le bilan de son action et parle de l’importance de la prévention.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Gladys Kamasanyu, sur son compte Twitter. (CAPTURE D'ECRAN)

C’est une défenseure des animaux au sens premier du terme : Gladys Kamasanyu est présidente de la cour de justice de la vie sauvage à Kampala, en Ouganda. Son métier est simple : elle juge les crimes commis contre les animaux. C’est une cour exceptionnelle, le premier tribunal de ce genre créé en Afrique en 2017, alors qu’elle entame sa septième année à sa tête, la magistrate fait le bilan dans le quotidien britannique The Guardian. Elle a instruit plus de 1 000 affaires de braconnage et condamné plus de 600 trafiquants, dont un homme en prison à vie pour avoir fait commerce de défenses d’éléphant.

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Parmi ceux auxquels elle a rendu justice, il y a donc des éléphants, mais aussi des pangolins, le mammifère le plus trafiqué au monde pour ses écailles, des rhinocéros, des girafes, ou encore des hippopotames... "Mais il y a encore beaucoup d’ignorance sur la cruauté qui est infligée à ces animaux, dénonce-t-elle. Beaucoup de gens pensent que les animaux appartiennent au premier qui les prend, et qu’on peut aller librement en forêt les chasser tous les jours. L’ignorance, c’est de penser que les animaux seront toujours là, qu’ils se reproduisent à l’infini, qu’ils sont indestructibles."

Rendre la justice pour tous, humains comme animaux

Pour casser ces certitudes, Gladys Kamasanyu ne fait pas que condamner trafiquants et braconniers, elle multiplie les prises de parole pour expliquer que non, les animaux ne se multiplient pas à l’infini, et qu’en conséquence il faut les protéger. À ceux qui lui disent qu’elle préfère les animaux aux humains, elle répond qu’elle a toujours cru au principe constitutionnel ougandais qui veut que "la justice soit rendue pour tous", et que, selon elle, "pour tous" inclut évidemment les animaux. Pourtant, elle n’a pas toujours pensé comme ça. C’est l’expérience, l’étude répétée de multiples cas de braconnage, la vision d’animaux mutilés, massacrés qui l’en a convaincu.

Née dans une famille d’agriculteurs, elle a fait des études de droit pour défendre des vies humaines, avant d’être bouleversée par les chiffres du trafic animalier, un marché illégal de 10 à 20 milliards de dollars par an au début des années 2010, et surtout des centaines de milliers d’animaux abattus. Depuis, elle note une évolution positive.

En Ouganda, le nombre d’éléphants tués pour leurs défenses a, par exemple, baissé de 90% en cinq ans. "Il y a encore beaucoup à faire, dit-elle au journal ougandais The Independent. Trop de trafiquants sont relâchés sur caution, trop de chasseurs étrangers parviennent à fuir avant d’être jugés... Mais l’important, c’est de donner de la voix, c’est de parler pour ceux qui ne peuvent pas parler."

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