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François Lucas (Coordination rurale) : "Sur le glyphosate, il faut sortir d’une approche binaire"

 François Lucas, président d'honneur du syndicat Coordination rurale, a dénoncé une "approche politique et binaire" du glyphosate jeudi sur franceinfo. Selon lui, on peut "limiter l'utilisation" de ce pesticide "cancérigène probable" par l'OMS "à certains usages". 

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Lucas est le président d’honneur de la Coordination rurale. (CAPTURE D'ÉCRAN / RADIO FRANCE)

Aucun accord n'a été trouvé par les États membres de l'Union européenne, jeudi 9 novembre, sur la question de la prolongation de cinq ans du glyphosate, le pesticide jugé "cancérogène probable" par l'Organisation mondiale de la santé. La Commission européenne devrait soumettre à nouveau au vote cette proposition le mois prochain.

Une solution doit être trouvée avant le 15 décembre, date à laquelle prend fin la licence du glyphosate sur le territoire de l'UE. "Quand on dit que le glyphosate est cancérigène, on inquiète le consommateur", a estimé sur franceinfo François Lucas, président d'honneur du syndicat Coordination rurale, le deuxième syndicat agricole en France.

franceinfo : que demandez-vous aux gouvernements ?

François LucasAujourd'hui, l'approche sur le glyphosate est politique et binaire. Soit on l'interdit, soit on le maintient. On considère qu'il faut regarder les choses sous un autre angle. Nous souhaitons un délai plus long plutôt qu'un renouvellement de trois ans de la licence [comme la France le souhaite]. On ne peut pas régler la question du glyphosate. Il faut aussi qu'on s'attache à la réglementation d'utilisation de ce produit et qu'on limite son utilisation à certains usages. Il y a l'usage qui fait qu'on risque de retrouver des résidus dans les aliments, c'est celui qui consiste à traiter des cultures pour précipiter leur maturité ou pour nettoyer la culture parce qu'elle s'est salie et que les mauvaises herbes sont passées au-dessus. Il faut pouvoir continuer à l'utiliser comme herbicide, le temps qu'on ait trouvé un substitut. Trois ans, quand on connaît le temps que met l'Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail] à accorder une autorisation de mise en marché, ce n'est rien du tout.

L'Organisation mondiale de la santé classe le glyphosate comme probable cancérogène...

Quand on utilise le glyphosate comme herbicide total, c'est-à-dire pour tuer les mauvaises herbes avant de semer la récolte, il ne se retrouve pas dans les aliments. Le côté cancérigène ne peut pas être effectif pour les consommateurs puisqu'on ne le retrouve pas dans l'aliment.

Et pour les agriculteurs ?

Quand on dit que le glyphosate est cancérigène, on inquiète le consommateur. On a utilisé des produits bien plus dangereux (...) qui étaient connus comme extrêmement nocifs. Pour nous, le glyphosate, avec les appareils dont on dispose aujourd'hui, ne présente pas un gros problème.

Mais l'inquiétude ne devrait-elle pas profiter aux agriculteurs ?

Notre devoir, c'est d'abord de protéger les consommateurs. Ce qu'on aimerait, c'est que les débats sortent du champ politique pour redevenir scientifiques.

Sur votre site internet, vous renvoyez vers le site du lobby du glyphosate, la Glyphosate Task Force.

On ne peut pas être soupçonné de rouler pour les industriels. Notre syndicat est totalement indépendant. On cherche la vérité, on renvoie sur ce site pas parce qu'on est adhérent de la Glyphosate Task Force mais parce qu'on y trouve des informations qui nous permettent de nous faire un point de vue.

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