Mission Artémis vers la Lune : qui est Charlie Blackwell-Thompson, la première femme directrice d'un lancement dans l'histoire de la Nasa ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Le lancement d’Artemis 1 est reporté au 2 ou au 5 septembre. Mais savez-vous qui est la personne qui a décidé du report et qui est aussi celle qui donnera le "go" le moment venu ? Pour la première fois dans l’histoire de la Nasa, il s'agit d'une femme. Elle s’appelle Charlie Blackwell-Thompson, inconnue en France repérée par les chaînes de télévisions américaines.
Et en particulier par les journalistes femmes, comme l’une des reporters vedette de NBC, Kristen Dahlgren, en direct du pas de tir à Cap Canaveral : "Nous allons avoir une nouvelle voix dans la salle de lancement, lance la journaliste américaine. Pour la toute première fois, une femme directrice de lancement ! Je suis si excitée de vous la présenter. Si vous avez des enfants jeunes, elle est super inspirante."
Charlie Blackwell-Thompson is NASA’s first female launch director who will announce 'Go for launch!" for Artemis I.
— NBC Nightly News with Lester Holt (@NBCNightlyNews) August 26, 2022
She joined NASA in 2004 and has overseen many different space programs.@kristendahlgren has more details tonight at 6:30pm ET/5:30pm CT. pic.twitter.com/tVH5M49Uvn
Charlie Blackwell-Thompson est une grande femme avec de longs cheveux roux. Derrière un large sourire, elle dégage une sorte de sérénité. Son âge n’apparait clairement nulle part mais vous ferez le calcul, cela fait 34 ans qu’elle se prépare depuis son diplôme d’ingénieur en informatique en 1988 à l’université de Clemson, près de là où elle est née et a grandi, à Gaffney, en Caroline du Sud. Ses parents et ses grands-parents étaient agriculteurs. Elle raconte qu’ils travaillaient dur et se nourrissaient de leur bétail et de leur terre. Quelque chose qu’elle s’est efforcée de transmettre à ses trois enfants, qui sont grands aujourd’hui, Matt, Cody et Lhotse.
Elle entre à la Nasa en 2004
Sa passion pour l'espace lui vient dans les années 1960, avec les missions Apollo qu’elle regarde décoller à la télé. Elle est alors en primaire, et forcément ça la marque, mais sans que diriger un lancement de la Nasa en devienne pour elle un objectif absolu. À sa sortie de l’université en revanche, elle est embauchée chez Boeing comme ingénieur logiciel de vol en charge utile, puis à la Nasa en 2004. Elle découvre pour de vrai la salle de lancement où se déroulait la mission Apollo 11, en juillet 1969, et où elle dirige les opérations aujourd’hui.
Elle même dit pourtant avoir été confrontée au syndrome de l’imposteur avant de devenir très inspirante. "J’ai grandi dans une région rurale de Caroline du Sud, raconte Charlie Blackwell-Thompson dans une interview au Florida Today. L’espace me plaisait..."
"Je savais que j’étais bonne en math et en sciences. Mais je ne faisais pas partie de ces jeunes gens qui savent exactement ce qu’ils veulent faire."
Charlie Blackwell-Thompsonà Florida Today
"Je dirais aux jeunes femmes que si vous êtes passionnée par quelque chose, si vous avez un rêve, je suis la preuve que vous pouvez le réaliser. Cela nécessitera beaucoup de travail et de dévouement mais le fait que je sois directrice de lancement est un message à toutes les jeunes filles : 'Oui, tu peux le faire !'"
Seulement une quinzaine de femmes ont accédé à des postes important à la Nasa
D'autres femmes ont pu accéder à des fonctions importantes à la Nasa, mais souvent au prix d'un rude combat. L’histoire en retient une quinzaine, notamment en 1939 la première femme ingénieure Kitty O’Brien Joyner, qui avait dû intenter un procès à son école exclusivement masculine pour avoir son diplôme. Elle travaillait sur les turbines en soufflerie puis faisait des recherches sur le vol supersonique. On peut aussi citer Katherine Johnson embauchée en 1953 comme "ordinateur humain" pour calculer les trajectoires d’Alan Shepard, le premier homme dans l’espace, puis en 1969, la trajectoire d’Apollo 11.
Pour cette mission qui doit ouvrir la porte au retour de l'Amérique sur la Lune, Chazrlie Blackwell Thomson a devant elle 91 ingénieurs et 60 autres techniciens dans une pièce de secours. Tous assis devant des centaines d'écrans et qui serre, au fond de ses poches d'une part son cordon d’université "Clemson 88", par fierté pour son école. Ella a une foule de petits objets offerts par ses trois enfants, devenus adultes aujourd'hui : notamment un petit anneau en plastique d’une machine à chewing-gum que lui avait donné sa file Lhoste lorsqu'elle avait 3 ou 4 ans. Il y avait un parapluie dessus et elle lui avait dit "peut-être que ça arrêtera la pluie", et c'est ce qui s'était produit. Depuis, elle a cet anneau à son petit doigt pour chaque lancement. Mais, elle a aussi une pièce de monnaie porte-bonheur, une épingle de fil soudé qui dit "maman" ainsi qu'un petit mot : "Tu es la meilleure maman au monde."
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