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Roland-Garros 2023 : qui est Philippe Vaillant, l’homme en charge de la "meilleure terre battue du monde" ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'arrosage d'un court en terre battue à Roland-Garros, le 27 mai 2023. (Photo d'illustration). (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

Le tournoi de Roland-Garros qui a débuté dimanche 28 mai est connu dans le monde entier pour sa terre battue. Cela suppose d’entretenir en permanence les 18 courts du stade de Roland-Garros lui-même, porte d’Auteuil en plus des 15 autres à proximité du stade Jean-Bouin et du Bois de Boulogne. Tout ce qui touche aux terrains, mais aussi aux filets, aux logos des partenaires, aux bâches, aux lignes même : c’est le sujet de Philippe Vaillant qui dirige l’entretien des courts depuis cinq ans. Le plus gros enjeu étant évidemment cette terre battue, mythique. Qu’on dit être "la meilleure au monde."  

"Je suis venu voir, ça me plaisait comme travail"


Contrairement à ce qu’on pourrait penser, son parcours ne trouve pas ses origines dans le tennis. Philippe Vaillant a 56 ans. Il a grandi entre l’Aisne et à Paris. Et ne vient absolument pas d'une famille de tennis. Son parcours est assez réjouissant, il a passé un brevet de collaborateur d’architecte puis des unités d’architecture. Philippe Vaillant a exercé comme éducateur ou comme coursier. Et puis un jour de l'année 1995,  alors qu'il a 32 ans, il reçoit coup de fils d'un oncle de sa femme qui le prévient qu’un poste s’est libéré à l’entretien des cours de Roland-Garros. "J'avais joué quand j'étais gamin sur un court qu'on pensait être en terre battue derrière la maison, mais je n'avais aucune idée de quoi était faite la terre battue, explique-t-il. C'est une opportunité qui s'est présentée à moi. J'aime bien travailler dehors. Je suis venu voir, ça me plaisait comme travail. Visiblement, cela à fonctionner puisque je suis encore en poste aujourd'hui." 

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Au bout de quelques années, il est quand même reparti monter une boite de fabrication de courts de tennis, avec deux collègues de Rolland. Ils ont plutôt de la chance parce qu’un ami de Roger Federer leur a confié la construction d’un court en Sardaigne, façon Roland-Garros. Philippe Vaillant se plaît d'ailleurs à dire que la seule fois où Federer gagne à Paris, en 2009, il s'était justement entraîné au printemps sur ce court qu’il avait construit. Pour fabriquer un tel or "rouge", on imagine une recette à base de terre. Mais on se trompe ! Philippe Vaillant est intarissable lorsqu'il décrit le  processus de fabrication et liste les différentes couches nécessaires : "on retrouve des cailloux pour former la couche drainante, es mâchefers pour une réserve d'eau, la chape en calcaire compactée et au-dessus, la brique pillée pour le contraste visuel. Cela permet aussi bien de la glisse et des appuis pour les joueurs. Ne cherchez pas la terre, il n'y en a pas !"
 
Pas de terre dans la terre battue donc, mais 40 tonnes de brique pillée, le tout pour un seul tournoi. La préparation des courts démarre en mars. L’équipe de Philippe Vaillant retourne tous les courts de fond en comble, ils refont tout pour que tout soit prêt une semaine avant le tournoi et que les joueurs puissent s'entraîner la semaine avant et leur faire des retours qui, cette année, ont l'air excellent. Pendant le tournoi, c’est une véritable "armée" qui arrive en renfort pour entretenir ces 32 courts. Le mot est à peine trop fort. Les 200 employés sont reconnaissables à leur tenue bleue la semaine, blanche le week-end.

"Avoir un œil sur tous les courts"

Tous les courts, le Philippe Chatrier comme les plus petits courts, sont traités de la même façon, ne serait-ce que parce que les meilleurs joueurs s'entraînent sur les courts annexes. Et cette "armée" est aussi là pour gérer la grande inconnue: la météo. Contrairement à ce qu'on pourrait penser l'ennemi n'est pas la pluie, pour ça il y a les bâches, mais bien le sec ! "La chaleur et le vent sont plus redoutés, confie Philippe Vaillant. Il suffit qu'un set dure longtemps pour qu'on soit un moment sans pouvoir apporter une goutte d'eau permettant de conserver ce rouge au sol et une souplesse dans la chappe. On a pas mal d'écrans qui nous permettent d'avoir un œil sur tous les courts. On a des étudiants, des saisonniers, beaucoup de gens posent des jours de récupération pour pouvoir participer aux trois semaines du tournoi." Trois semaines de stress intense pour Philippe Vaillant, dont il n'a pas l'air de se plaindre. Bien au contraire !

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