Covid-19 : les péripéties du vaccin AstraZeneca
La vaccination avec le produit d'AstraZeneca doit reprendre en France. Hier l'Agence européenne du médicament a rappelé qu'il était sûr et efficace. Elle estime qu'il y a plus d'avantages avec ce vaccin que de risques.
Après trois jours de suspense, l’agence confirme donc qu’il y a plus d’avantages à se faire vacciner avec AstraZeneca que de risques, même si elle n’a pas pu déterminer si les quelques cas de thromboses atypiques enregistrés ces derniers temps étaient liés ou pas au vaccin. Mais si ces cas s'avéraient liés à la vaccination, ils resteraient minoritaires par rapport aux vies sauvées par le vaccin dans l'absence d'autres solutions efficaces et accessibles aujourd'hui.
Il s'agit d'une nouvelle épreuve pour ce produit né d'une alliance entre l’industriel AstraZeneca et le monde académique de l’université d’Oxford. Un produit qui a joué très vite la transparence avec la publication de ses premiers résultats dans la revue scientifique The Lancet mais qui en paie aussi le prix.
Ces résultats n'ont pas montré assez de données sur les plus âgés au début, alors qu'ils étaient les plus grandes victimes du Covid. Il a donc été d'abord réservé aux plus jeunes, qui font moins de formes graves. Ils ont aussi montré une moindre efficacité contre certains variants, ce qui a conduit l’Afrique du sud à suspendre la vaccination. Deux coups de freins qui ont entaché sa réputation dans un large public qui cherche à calculer son bénéfice-risque pour la vaccination.
Les États-Unis n’ont pas encore approuvé ce vaccin
Lors de ses premiers essais cliniques au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du sud, les protocoles de test n’ont pas été conduits tout à fait de la même façon. En novembre dernier, AstraZeneca révèle même que c’est en faisant une erreur de dosage sur 2 700 volontaires qu’ils ont trouvé leur formulation pour une meilleure efficacité du vaccin. Une erreur chanceuse pour certains mais douteuse pour la FDA. L’Agence américaine du médicament a donc demandé au laboratoire de refaire des tests aux États-Unis. L'entreprise aurait pu déposer une demande d'approbation en urgence auprès de l'agence mais ne l'a pas fait, préférant finir ses essais d'ici quelques semaines. Il faut dire qu'un refus de la FDA ce n'est pas vraiment une bonne publicité.
Pour autant, on ne peut pas dire que les États-Unis ne font pas confiance à ce vaccin. Le gouvernement américain a investi 1,2 milliard de dollars dans sa recherche et sa production avec son opération Warp speed. Il a acheté plusieurs millions de doses et d’ailleurs selon le New York Times, il a même refusé l’exportation de certaines d'entre elles vers l’Europe début mars, alors que le produit n’est toujours pas approuvé sur son territoire.
Aux États-Unis, beaucoup de médecins critiquent la lenteur de l’administration américaine. Ils se disent qu’avec des millions de gens vaccinés au Royaume-Uni et l’approbation de l’Agence européenne du médicament, ce vaccin a largement prouvé ses avantages. Ils rappellent qu’il y a aussi eu quelques cas de thromboses suspectes après des vaccinations avec le Pfizer aux États-Unis, même si aucun lien n’a été clairement établi avec le produit. En tous cas, si AstraZeneca se retrouvait boudé par une partie des Européens, il est très attendu outre-Atlantique.
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