De nouvelles études sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl : 35 ans après !
Entre le rapport de l'Unscear qui estime que Tchernobyl a fait 28 morts et celui de Greenpeace qui compte jusqu'à 200 000 victimes sur tout le continent européen, les historiens veulent faire la lumière sur cette catastrophe. Même 35 ans après.
Deux études menées par l'équipe de Stephen Chanock, directeur de l'institut national du cancer aux États–Unis viennent d'être publiées dans la revue Science. La première, plutôt rassurante, estime que les personnes contaminées il y a 35 ans par la castrophe nucléaire, n'ont pas transmis plus de mutations génétiques à leurs descendants que d'autres. En moyenne, nous transmettons 50 à 100 mutations à nos enfants. La deuxième étude s'est penchée sur la façon dont se sont formés les cancers de la thyroïde. En général, il est très difficile de pouvoir dire si un cancer est du à telle ou telle cause mais là ils ont pu repérer des nuances même s'ils n'ont pas encore trouvé de biomarqueurs précis des cancers induits par les radiations. C'est pourquoi ils aimeraient poursuivre les recherches.
Depuis 35 ans, les débats sont houleux, y compris, au sein de la communauté scienifique sur les données sanitaires autour de Tchernobyl mais surtout sur les analyses qui estiment que la zone s'est très bien relevée de la catastrophe. La commission spéciale d'experts internationaux sur les rayonnements ionnisants, l'Unscear, formée des experts de 27 pays avec des agences nucléaires, financée en partie par l'AIEA et l'OMS estime que 28 personnes sont mortes d'irridiations aigues dans les semaines qui ont suivi la catastrophe. Principalement les pompiers et les ouvriers intervenus tout de suite et sans beaucoup de protection à la centrale cette nuit du 26 avril 1986. En 2005, l'OMS a donné un autre chiffre celui de 4000 décès à terme à cause de cancers de la thyroïde chez des enfants et adolescents exposés à l'époque. D'autres chercheurs pensent que ces données sont sous-estimées puisque par exemple 35 000 personnes en Ukraine sont indemnisées parce qu'elles ont perdu un proche après la catastrophe. Mais était-ce à cause des radiations ou de leur évacuation? C'est encore difficile à savoir. Dans un rapport établi en 2016, Greenpeace donne de son côté le chiffre de 200 000 personnes victimes de l'accident sur tout le continent européen.
L'ouverture des archives, pour plus de données
Comme on le voit avec d'autres événements comme le génocide au Rwanda, la guerre d'Algérie, l'ouverture des archives apporte de nouvelles données sur des actualités passées. Au fur et à mesure que les dossiers "secret-défense" sont déclassifiés, on en apprend un peu plus sur les conséquences des radiations par exemple des essais nucléaires aux Îles Marshall, dans le Nevada, en Polynésie. Le livre de Kate Brown, historienne au MIT intitulé Tchernobyl par la preuve vient de sortir en français. Elle y explique ce qu'elle a trouvé dans les archives du KGB en Ukraine, dans les provinces biolérusses très touchées par la catastrophe avec une foule de témoignages sur des problèmes de santé des habitants des zones contaminées. Elle montre surtout les tensions entre les scientifiques de l'Est et de l'Ouest qui se cachaient des choses, qui n'avaient pas les mêmes méthodes d'évaluation et qui ont eu du mal a admettre les données de terrain sur les cancers de la thyroïde chez les enfants alors que les cas commençaient déjà à apparaitre. L'historienne Kate Brown sera justement cet après-midi au Parlement européen pour parler de son enquête. Elle estime qu'il n'est pas trop tard pour faire une nouvelle étude sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl. Même 35 ans après !
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