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Des visons d'élevage contaminés par le Covid-19 : pourquoi ces animaux sont-ils plus atteints que d'autres

Le ministère de l’Agriculture a annoncé l’abattage de mille visons dans l’un des quatre élevages en France. La situation n'est pas celle du Danemark mais les autorités restent vigilantes tant l'animal est sensible au virus.  

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un vison dans une cage de l'élevage de visons à Montarlot-lès-Rioz (Haute-Saône), le 29 septembre 2020. (JEAN-FRANÇOIS FERNANDEZ / FRANCE-BLEU BESANÇON)

Comme une prémonition, l'Anses a publié en fin de semaine dernière un avis sur le rôle épidémiologique et de maintien du virus par des animaux domestiques et d'élevage. L'agence sanitaire ne voyait pas de rôle clé chez des animaux mais elle appelait à la vigilance chez des espèces plus sensibles, comme les chats, les furets, les hamsters. Et surtout les visons. C'est surtout à la lumière des données en provenance du Danemark et des Pays- Bas qui ont bien identifié ce qui se passait dans les élevages, depuis la découverte de cas d'infections entre les animaux mais aussi des animaux aux hommes.  

Après la détection de la présence du Covid-19 dans un élevage d'Eure-et-Loir, les mille bêtes à fourrure ont été abattues. Le ministère de l'Agriculture affirme que la situation est différente du Danemark où les 17 millions d'animaux doivent être abattus. Là-bas, les autorités craignent une mutation importante du virus qui mettrait à mal les efforts de recherche pour mettre au point un vaccin. La France a de son côté quatre élevages. Pour l'instant, un seul, celui de l'Eure-et-Loir, est concerné par le Covid-19, mais des analyses sont en cours dans les trois autres.

Pourquoi ces animaux sont plus concernés ? D’abord, il y a une question de proximité, pour ne pas dire de promiscuité dans les élevages : le virus circule très facilement de cage en cage. On ne sait pas exactement comment le virus est entré dans l'exploitation française, mais plusieurs études ont montré que ce sont des hommes atteints par le Covid qui ont d’abord contaminé les visons dans les élevages d'autres pays, comme au Danemark. La France rejoint donc la liste d'une dizaine de pays concernés par le problème, selon l'OMS, puisqu'en plus du Danemark, les Pays-Bas, la Suède, l’Espagne, l’Italie, les États-Unis, la Grèce ont trouvé des cas de Covid dans des élevages. L'Irlande a pris de son côté des mesures préventives.  

Un récepteur en commun avec l'homme

Ces animaux et ceux de leur famille sont ce que l'on appelle des modèles de laboratoire. Ils aident à comprendre comment fonctionnent des virus, par exemple. Nous avons un point commun avec ce petit mustélidé, ces petits mammifères de la famille des belettes ou des furets. Nous avons une protéine commune appelée l’ACE2. Elle se trouve à la surface des membranes des cellules des poumons, des artères, du cœur. Et c’est elle qui sert de clé d’entrée au coronavirus dans notre corps. C’est par ce récepteur qu’il infecte nos cellules qui entraînent ces symptômes respiratoires, digestifs, circulatoires. 

Si le Danemark, a décidé d’abattre tous ses visons, c’est parce que certains ont infectés des ouvriers des élevages avec une variante du coronavirus. Les autorités craignaient que cela ne mette à mal l’efficacité d’un futur vaccin. Après avoir vu des données détaillées sur cette variante du virus, certains chercheurs comme François Balloux, de l'University College of London, estiment qu'elle n'est pas inquiètante pour les vaccins en cours d'élaboration. En revanche, ils reconnaissent qu’abattre tous les visons est nécessaire pour éviter de garder un réservoir de virus chez des animaux alors que l’on essaye d’y mettre fin chez les hommes.  

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