Environnement : l’épineuse question de la gestion des déchets dangereux de l'industrie
Enfouissement, incinération, recyclage… Des solutions sont étudiées mais il reste toujours un tiers de déchets dangereux qui finissent en centre de stockage pour une durée indéterminée.
Faut-il poursuivre le confinement définitif des déchets dangereux sur le site de StocaMine dans le Haut Rhin ? La question est posée à la cour administrative d’appel de Nancy qui rend son arrêt vendredi 15 octobre. Les anciennes mines de potasse d’Alsace renferment aujourd’hui des milliers de sacs, de bidons métalliques contenant notamment du chrome, amiante, arsenic, soit au total 42 000 tonnes de déchets dangereux.
Ces mines ont été transformées en centre d’enfouissement en 1999 mais le site a dû fermer trois ans plus tard à la suite d’un incendie et depuis, c’est un très long casse-tête sur le devenir de ces déchets. Le dilemme : les laisser sous terre, ou les remonter. En janvier dernier, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique a tranché en faveur de leur confinement définitif à 500 mètres de profondeur. La décision a soulevé la colère d’associations et d’élus locaux, qui dénoncent un risque de pollution de la nappe phréatique d’Alsace.
Le meilleur déchet dangereux reste celui qu'on ne produit pas
Ce dossier StocaMine est un cas à part. Mais il n'empêche qu’il pointe l'épineuse question de la gestion de nos déchets dangereux. On en produit en France 10 millions de tonnes par an. C’est seulement 3% du total, mais c’est encombrant. Et c’est sans compter les déchets nucléaires : on en produit 25 000 mètres cubes par an que l’on doit majoritairement stocker pour plusieurs centaines d'années. Les déchets dangereux proviennent notamment de l’industrie, du secteur de la construction. On parle aussi bien de métaux polluants que de produits chimiques comme des pesticides, des solvants, des huiles industrielles toxiques. Il y a aussi du matériel médical pouvant être contaminé ou encore des explosifs.
Le suivi de ces déchets est évidemment très réglementé, tracé. La moitié est revalorisée, une autre partie est brûlée. Mais il en reste toujours un tiers qui finissent en centre de stockage, confinés dans des silos étanches à l’eau et à l’air pour une durée indéterminée. L’idéal serait qu’on arrive un jour à supprimer totalement le stockage mais cela fait vingt ans qu’on garde à peu près ce même tiers de déchets dangereux qui finissent par être stockés, faute d’autre solution. Il y a de plus en plus d’efforts déployés pour revaloriser ces déchets dangereux, le recyclage de certaines huiles industrielles, par exemple, ou la récupération de l'énergie produite par l'incinération. Mais la meilleure solution c’est le déchet dangereux qu’on ne produit pas : l’enjeu c’est donc aussi d’innover avec des techniques de production industrielle moins polluantes.
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