Exploitation des fonds marins : opposé à un projet de prospection minière, le WWF attaque l'État norvégien en justice
Un procès emblématique s’ouvre jeudi 28 novembre à Oslo. L’État norvégien est attaqué par une association de défense de l’environnement en raison d’un projet de prospection dans les grands fonds marins. Le gouvernement norvégien a annoncé, en avril dernier, l’ouverture à la prospection minière de 280 000 km carrés de ses fonds marins, soit l’équivalent de la moitié de la France. L’espoir est d’y trouver d’importants gisements de métaux rares, pouvant notamment entrer dans la composition des batteries et des appareils électroniques. Il ne s’agit pour l’instant que de prospection, mais cela pourrait conduire la Norvège à attribuer ses premiers permis d’exploitation dès 2025.
Le Fonds mondial pour la nature (WWF Norvégien) estime que cette décision gouvernementale a été prise sur la base d’une étude d’impact insuffisante au regard des exigences de la législation norvégienne. L’association de défense de l’environnement pointe un risque de destruction d’espèces encore inconnues et de perturbation de l'équilibre océanique, un risque également souligné par l’Agence de l’environnement norvégienne et de nombreux scientifiques.
La Norvège est l’un des premiers pays au monde à se lancer dans un projet concret de prospection minière. Elle le fait dans ses eaux territoriales, et elle est libre de le faire. En revanche, en ce qui concerne les règles dans les eaux internationales, tout n’est pas encore fixé. Le code minier est en cours de construction sous l'égide de l'Autorité internationale des fonds marins. En attendant, une trentaine de pays, dont la France et le Royaume-Uni, se sont prononcés en faveur d’un moratoire sur l’extraction minière sous-marine.
De nombreuses espèces présentes
Malgré la profondeur, la pression et l'obscurité, les grands fonds abritent une biodiversité riche et rare : plusieurs centaines d'espèces y ont été repérées ces dernières années, dont 90 % étaient inconnues. Ces espèces sont-elles capables de survivre ou de se déplacer en cas de perturbation par une activité humaine ? C’est toute la question.
L’Ifremer mène actuellement une mission d'exploration dans les plaines abyssales du Pacifique, dans le cadre d’un contrat d’étude accordé à la France. Les scientifiques se trouvent actuellement dans la zone de Clarion-Clipperton pour répertorier et étudier les espèces vivant à proximité de ces fameux nodules polymétalliques. Leur mission doit durer jusqu'en janvier prochain.
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