Le billet vert. Comment sont contrôlés les sites Seveso ?
Les inspecteurs des risques industriels sont sur le terrain avec les enquêteurs judiciaires et les gendarmes pour comprendre ce qui s’est passé dans l'usine Lubrziol de Rouen. Leur travail se fait également en amont avec les industriels.
Après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen les inspecteurs des risques industriels sont à pied d’œuvre avec les enquêteurs judiciaires et les gendarmes pour comprendre ce qui s’est passé mais leur travail se fait aussi bien en amont avec les industriels.
Ils sont 1 500 inspecteurs dans la France entière pour contrôler 1 300 sites Seveso seuil bas et seuil haut comme l'usine Lubrizol. Mais ils n'ont pas seulement ces sites chimiques hautement dangereux à surveiller puisqu'ils doivent avoir un regard sur près de 500 000 installations classées pour l’environnement (ICPE). Cela peut être une carrière, une décharge, un incinérateur, mais aussi une station-service, un parc éolien ou un pressing quand celui-ci utilise du perchloroéthylène (ce qui est aujourd'hui interdit).
Plusieurs régimes de contrôles
Evidemment avec autant d'installations, impossible de passer chaque année sur les sites. Pour les petites installations, les moins dangereuses comme les stations-service, leur travail a été simplifié avec un dossier d’enregistrement. Pour d'autres, il faut une autorisation plus contraignante et les inspecteurs des directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) accompagnent l'industriel dans son projet.
De plus en plus de missions sont confiées par les industriels à des cabinets agréés. Les inspecteurs doivent leur dire quelles études d'impact ils doivent mener, quels rejets ils peuvent avoir dans l'environnement. Ensuite, ils autorisent ou non le site à fonctionner et ils viennent le contrôler tous les trois à sept ans en fonction des risques. Enfin, pour les plus dangereux comme les sites Seveso seuil haut, avec de nombreux produits chimiques sur le site, il leur faut la liste complète des substances et que l'industriel participe aux plans de prévention des risques.
Les inspecteurs font régulièrement des contrôles inopinés ou pas sur site. Ils peuvent ordonner des travaux voire des fermetures d’usine mais cela se fait sous l’autorité du préfet, surtout quand il y a beaucoup d’emplois en jeu.
Lubrizol a été inspecté 39 fois en 5 ans
Depuis l’accident de 2013 où un gaz avait dégagé une forte odeur d’œuf pourri pendant des semaines, les inspecteurs sont venus 39 fois sur le site de Lubrizol, qui a investi plusieurs milliers d'euros dans la sécurité. C'est une des raisons qui font penser à une piste criminelle et non à un accident industriel. Mais le parquet ne confirme pas pour l'instant. Aujourd’hui, beaucoup d'agents sont mobilisés par la cellule de crise et l’enquête, alors qu'il y a 75 sites Seveso en Seine-Maritime pour une cinquantaine d’agents, et plus de mille autres petites installations moins à risque à surveiller, comme notamment les éoliennes.
De leur côté, les syndicats des agents publics s’inquiètent des nouvelle baisses d’effectifs l'an prochain au ministère de l’Environnement dont ils dépendent. Même si la prévention des risques a été plutot épargnée jusqu’ici, elle perd de nouveaux des postes depuis deux ans, environ une vingtaine sur l'ensemble de la France. Pour eux, l'exemple à suivre c'est celui de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a 500 agents pour contrôler 19 centrales et quelques dizaines de sites industriels, mais surtout avec une réelle indépendance vis-à-vis des préfets.
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