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Mines de potasse d'Alsace : que faire des déchets de StocaMine ?

La ministre de l’Environnement, Barbara Pompili, se rend mardi en Alsace au chevet de StocaMine, à Wittelsheim. Un site industriel maudit avec des déchets chimiques, bloqués à 500 mètres sous terre qui menacent de polluer la nappe phréatique.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'entrée de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Barbara Pompili est face aujourd’hui à un choix technique cornélien pour ce site industriel de StocaMine. Une patate chaude que les ministres de l’Environnement se passent depuis près de 20 ans. En 1997, cette ancienne mine de potasse est transformée en site d’enfouissement pour déchets chimiques dangereux à 500 mètres sous terre. Une bonne idée, pense-t-on à l’époque, pour trouver une solution technique à des substances dont personne ne veut, et pour préserver une centaine d’emplois dans une région touchée par la fin de l’activité minière.  

Un incendie en 2002 met fin au projet

Une mauvaise gestion du site avec des déchets qui n'auraient pas du s'y trouver, comme des produits phytosanitaires, conduit à un incendie en 2002. En laissant, 42 000 tonnes d’arsenic, de chrome, de mercure, d’amiante avec une pollution inéluctable pour la plus grande nappe phréatique d’Europe. Même si les déchets se trouvent en dessous de la nappe, l’eau s’infiltre partout et elle atteindra tôt ou tard les colis, diluant ainsi leurs polluants. Un rapport du BRGM, le bureau de recherche géologique et minière, estime que cela se produira d’ici 300 à 600 ans. Inacceptable pour une bonne partie des habitants et des élus locaux. C’est pourquoi la ministre vient sur place, mardi 5 janvier, présenter les différents scénarios sur la table notamment lors d’une réunion publique en visioconférence.   

Six scénarios sur la table

Après avoir annoncé en 2019 que l'Etat renonçait à aller chercher les colis de déchets, François de Rugy a concédé une nouvelle estimation des scénarios possibles à deux bureaux d'étude : Antéa et Tractebel. Entre confiner les lieux avec des bouchons en béton pour retarder et limiter ce contact entre la nappe et les polluants, ou alors aller chercher tout ou partie des déchets sauf ceux qui sont brûlés.

Le BRGM estimait il y a deux ans dans un rapport qu’il est possible d’en déstocker mais qu’il faut des opérateurs en scaphandre, creuser des tunnels. L’État s’est donné moins de dix ans, jusqu'en 2027 (date de fin de la concession du site) pour agir puisqu’ensuite la mine menace de s’écrouler. Alors en tout, six scénarios ont été évalués par les bureaux d’étude pour le ministère. Des scénarios classés en fonction de leur coût, de leur risque pour l’environnement et pour la santé, en particulier celle des travailleurs qui doivent descendre dans ce chantier à risque. Évidemment le moins cher et le moins risqué à court et moyen terme est de confiner les lieux mais c’est aussi le moins acceptable pour les locaux. D’autant que certains se souviennent avoir combattu le projet dès le départ et avoir entendu à l'époque les experts leur garantir la sécurité du site. Comme quoi les experts peuvent aussi se tromper et doivent rappeler que le risque zéro n'existe pas.

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