Bourse : malgré la crise, le bel été du CAC 40
C’est tout le paradoxe, alors que l’horizon économique s’assombrit, la Bourse de Paris connait un très bel été, elle fait même mieux que les autres places européennes.
Malgré l’Ukraine, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt. Cet été 2022 s’annonce comme un très bon cru pour le CAC 40. Depuis ses plus bas du 5 juillet dernier – à un peu moins de 5 800 points – l’indice parisien a regagné plus de 13%, pour repasser au-dessus des 6 500 points (6 557 exactement à la clôture jeudi 18 août). Avec cette remontée, Paris limite ses pertes à 9% depuis le début de l’année, et surtout creuse l’écart avec les autres Bourses européennes, comme Madrid, Milan ou Francfort. C’est d’ailleurs face à l’indice allemand, le DAX, que la surperformance du CAC est la plus flagrante.
Quand les investisseurs voient le retour du risque politique en Italie, ou encore la crise énergétique qui se profile en Allemagne, la France apparait comme un havre de paix. Son économie résiste mieux que les autres, avec un marché de l’emploi plutôt bien orienté, et une inflation parmi les plus faibles d’Europe. Et cela se retrouve dans les comptes des entreprises tricolores qui ont publié des résultats éblouissants au premier semestre : plus de 70 milliards d’euros de profits rien que pour les stars du CAC 40, c’est près du double des bénéfices enregistrés sur la même période de 2019, avant l’arrivée du Covid.
Comme en parallèle la défiance grandit à l’égard des industrielles allemandes, du fait de leur exposition à l’envolée des prix du gaz et de l’électricité outre-Rhin, ces valeurs sont distancées en Bourse par leurs concurrentes françaises.
Le luxe français très en forme
La locomotive de la Bourse de Paris, c’est surtout le secteur du luxe qui tire la hausse du CAC 40. La palme revient à Hermès, qui bondit de 23% sur un mois, alors que LVMH reprend 15% et Kering 10%. Ces champions du luxe continuent de dégager des marges record, malgré l’inflation, du fait de leur capacité à augmenter leurs prix, sans pour autant rebuter leurs clients. Ces groupes, très internationaux, profitent aussi d’un dollar fort face à l’euro, qui fait gonfler leurs profits, sur leurs ventes aux État-Unis.
Il y a aussi les valeurs automobiles qui reviennent en force. Stellantis et Renault gagnent respectivement 21 et 22%, toujours sur un mois. Malgré les pénuries de composants, un constructeur comme Stellantis – qui possède Peugeot et Citroën – a montré qu’il pouvait rester très rentable en misant sur les modèles haut de gamme.
Si le pétrole reste autour des 100 $ le baril, que l’inflation ne dérape pas plus, et que les banques centrales commencent à ralentir leurs hausses de taux pour ne pas trop pénaliser la croissance, les conditions devraient rester favorables pour les marchés. Mais il y a tout de même des risques, comme l’évolution de la crise énergétique en Europe – très incertaine à ce stade – ou encore la situation en Chine, dont le secteur immobilier est en pleine déconfiture. Autant d’inconnues qui incitent à la prudence.
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