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Salaires : vers un retour des heures supplémentaires défiscalisées

Faire plus d’heures supplémentaires sans payer d’impôt : des amendements ont été adoptés en ce sens en commission des Finances de l’Assemblée nationale. Est-ce le retour du "travailler plus pour gagner plus" ?

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un bulletin de paie avec des heures supplementaires. (JEAN-FRANÇOIS FREY / MAXPPP)

Les heures supplémentaires défiscalisées, c’était la mesure phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy, mise en place pour détricoter les 35 heures. Et si les macronistes ont déposé des amendements sur les heures sup', dans le cadre de l’examen du texte sur le pouvoir d’achat, c’est pour permettre aux salariés d’améliorer leur revenu sans payer d’impôts. Mais c’est aussi et surtout un geste en direction de la droite : les députés de la majorité cherchent des alliés à l’Assemblée nationale. Très concrètement, ils proposent d’augmenter le plafond des heures supplémentaires et complémentaires jusqu’à 7 500 euros pour l’année 2022, contre 5 000 euros actuellement.

Une mesure populaire 

Du temps de Nicolas Sarkozy, neuf millions de salariés avaient profité de cette mesure notamment les fonctionnaires et  les ouvriers. À l’époque, cela avait permit un gain de revenu de 500 euros par an par employé, en moyenne. Mais le total avait coûté presque cinq milliards d’euros par an à l’État. Et c’est bien à cause de ce coût que les économistes sont partagés sur la mesure : les heures sup' défiscalisées, c’est un manque à gagner pour les Finances publiques puisque ce sont des impôts qu’elles ne collectent pas.

Par exemple, là, le relèvement du plafond s’élèverait à 50 millions d’euros. L’autre frein, c’est que ce dispositif profite aux salariés déjà en poste donc ça limite les embauches : un patron qui a du travail a plutôt intérêt à faire faire des heures sup' sans cotisation aux employés qu’il a déjà, plutôt que d’embaucher de nouvelles personnes. D’ailleurs, c’est pour cette raison que François Hollande, qui cherchait par tous les moyens à faire baisser le chômage, avait supprimé le dispositif.  

Mais les syndicats ne sont pas convaincus : ils estiment qu'il s'agit là de la même chose que les primes. Certes, c’est du pouvoir d’achat en plus, c’est toujours bon à prendre, mais ce n’est pas pérenne, comme les hausses de salaires. Les exonérations d’impôts privent le modèle social de recettes pour la santé, les écoles, la retraite, etc. Malgré ces réticences, il y a de fortes chances que ce dispositif soit adopté. Même si dans le cadre du débat parlementaire, la droite, qui ne veut pas se laisser acheter à bon compte, trouve que le plafond de 7 500 euros par an est encore trop bas.

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