Élections européennes : les pays nordiques, anciens bastions de la social-démocratie, vont-ils renforcer les rangs de l'extrême-droite ?

Si la Suède, la Finlande et le Danemark ne comptent que peu de sièges au Parlement européen, des coalitions de droite les gouvernent et la tendance pourrait se reporter dans le scrutin des élections européennes.
Article rédigé par franceinfo - Carlotta Morteo
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La façade du Parlement européen, à Bruxelles (Belgique) (JEAN-MARC QUINET / MAXPPP)

Les pays nordiques, anciens bastions de la social-démocratie européenne, vont-ils renforcer les rangs de la droite et de l'extrême droite au Parlement européen ? Si la Suède, la Finlande et le Danemark ne comptent que 40 députés européens, ils sont gouvernés par des coalitions de droite, qui font alliance avec les partis nationalistes, voire ont adopté leurs idées. La lutte contre l’immigration était d'ailleurs le thème dominant des campagnes électorales pour les législatives dans ces trois pays l'an dernier.

Le balancier penche très à droite aujourd’hui : les partis d’extrême droite en Suède et en Finlande ont remporté près de 20% des voix aux dernières législatives. Le parti nationaliste gouverne  au sein de la coalition à Helsinki. L’extrême droite est un indispensable allié parlementaire pour le gouvernement conservateur à Stockholm, qui a repris absolument tout du programme anti-immigration du parti des Démocrates de Suède, le parti le plus influent du pays.

Les socio-démocrates déjà droitisés

Les socio-démocrates n’ont pas disparu pour autant, ce sont des partis d’opposition qui pèsent. Ils ont même frôlé la victoire aux législatives en Suède et en Finlande. Mais ils n’ont pas pu former de majorité soit parce qu’ils ont été lâchés par les libéraux, soit parce que leurs partenaires traditionnels, les Verts et la Gauche, ont perdu trop de voix. 

À noter qu'ils se sont eux-mêmes droitisés en une décennie à peine. Le Danemark en est probablement le meilleur exemple : la Première ministre est une socio-démocrate. Mette Frederiksen, à la tête d’une coalition centriste droite-gauche, est créditée d'avoir fait baisser le poids du parti d’extrême droite en adoptant une grande partie de ses idées. Le pays fait même office de laboratoire anti-immigration : une politique au nom de la sauvegarde du système social, qui inspire au-delà de la péninsule nordique et des socio-démocrates. 

Par conséquent, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons identitaires ou sécuritaires que la droite, il y a une forme de consensus nordique transpartisan sur le fait de restreindre l’immigration en Europe. C’est un discours que l’extrême droite nordique n’est plus la seule à porter et donc les partis vont devoir s’affronter aux européennes sur d’autres fronts.

Quels sont les thèmes de campagne qui pourraient s’imposer ? 

L'un des sujets sur lequel les forces de gauche vont sûrement appuyer c’est la sauvegarde du climat. Les nouvelles coalitions de droite en Suède et en Finlande ont largement mis de côté la question, la Suède a même abandonné son objectif climatique ambitieux. Il y a donc beaucoup d'électeurs déçus, et ce sont eux que les socio-démocrates, les Verts et la gauche vont aller chercher.

L’autre question qui va se poser, c’est comment est-ce que les droites suédoise et finlandaise vont réussir à maintenir l’unité avec leurs alliés d’extrême droite sans se faire siphonner les voix aux européennes ? Si l’immigration n’est plus tellement un sujet de discorde entre eux, le protectionnisme économique en est un. Aborder le sujet aux européennes, c’est prendre le risque de se disputer, ce qui peut être très délétère pour l’avenir de la coalition.

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