Alliance LR-RN : les dirigeants des Républicains veulent pousser Éric Ciotti vers la sortie
Depuis qu'Éric Ciotti a annoncé sa volonté de faire alliance avec le RN pour les élections législatives anticipées, beaucoup de cadres LR se sont plongés dans les statuts et rien n'est vraiment prévu pour destituer le président, pas même en cas de trahison.
La trahison, c'est pourtant ce dont est accusé Éric Ciotti par les siens puisque lors de ses échanges, suite à l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, avec les dirigeants comme Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez et Gérard Larcher, il n'a pas parlé d'alliance avec le RN. "Il nous a menti" riposte, blessé, le patron des sénateurs Les Républicains.
D'autres dénoncent le comportement "à vomir" d'un homme "isolé". Il n'a convaincu jusqu'ici qu'une seule députée de le suivre et personne n'imagine plus de cinq sortants se lancer dans l'aventure. "Il va envoyer des sous-secrétaires des jeunes LR" persifle un dirigeant. Éric Ciotti semble pourtant indéboulonnable.
Un cadre misait sur le conseil national qui "veille au bon fonctionnement du mouvement", sauf qu'il n'y a plus de président du conseil national. Jusqu'en janvier, c'était Rachida Dati, mais elle n'a jamais été remplacée depuis son entrée au gouvernement.
Un président seul et isolé
La numéro 2 du parti Annie Genevard organise mercredi après-midi un bureau politique exceptionnel, mais Éric Ciotti viendra-t-il ? Personne n'est sûr, car normalement, c'est lui qui doit le convoquer. L'idée de ses opposants est d'organiser un vote pour montrer à Éric Ciotti qu'il ne peut pas rester, car "il a décidé seul, sans concertation préalable, cette orientation politique majeure", explique un dirigeant.
Pression, pression, pression, voilà sur quoi misent les adversaires d'Éric Ciotti. Mardi 11 juin, juste avant l'annonce fracassante sur TF1, Laurent Wauquiez lui a dit qu'il faisait "une grave erreur" et qu'il le "désavouerait publiquement". Ses amis François Baroin et Christian Jacob ont aussi tenté de dissuader Éric Ciotti de se lancer dans un accord avec le RN, sans succès.
Mais depuis, les pressions se multiplient entre déclarations assassines, tribune des ténors LR, fédérations qui ruent dans les brancards, démissions d'élus, ou encore collaborateurs qui refusent de travailler pour Éric Ciotti. Pour l'instant, le président du parti tient bon, convaincu d'avoir les militants avec lui, mais il faut avoir en tête que la droite a déjà réussi à pousser ses chefs vers la sortie. En 2019, Laurent Wauquiez avait été évincé, après les élections européennes. C'était le cas également de Jean-François Copé en 2014, englué dans l'affaire Bygmalion et fragilisé par le score de l'UMP aux Européennes.
Sauf qu'après les Européennes 2024, il y a des législatives anticipées avec des candidatures qui doivent être déposées avant le 16 juin. La commission d'investiture devrait se réunir ce mercredi 12 juin, mais Éric Ciotti n'a plus de majorité dans cette instance. La présidente, une de ses très proches, Michèle Tabarot, est contre sa stratégie et la commission devrait donc désigner les candidats LR sans tenir compte de ce qu'a dit le chef du parti. Un cadre glisse avec perfidie que "c'est possible qu'on n'investisse pas Ciotti, donc son deal avec le RN, c'est du vent !"
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