Gouvernement de Michel Barnier : le compte-rendu du conseil des ministres déplacé hors de l'Élysée
À chaque remaniement, il y en générale de nouveaux ministres et un nouveau porte-parole, mais cette fois, en plus du changement de troupe, il y a le changement de décor du point d'étape que le gouvernement fait chaque semaine, qu'on appelle "le compte rendu du conseil des ministres", devant des journalistes, pour tenir au courant les Français des dossiers qui sont sur la table. Ce premier rendez-vous du gouvernement de Michel Barnier a eu lieu mardi 1er octobre, mené par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. Dorénavant, il a lieu dans une salle qui appartient aux services du Premier ministre, donc ni à l'Élysée et ni à Matignon.
C'est un peu une grande transhumance, symbolique. Les ministres se retrouvent toujours à l'Élysée pour leur réunion, mais il faut maintenant un car, garé devant l'Élysée, pour transporter les quelques journalistes, qui tentent de les interpeller quand ils font leur arrivée sur les graviers, jusqu'à la salle du compte rendu, quatre kilomètres plus loin. La salle est reproduite à l'identique, avec quand même le portrait d'Emmanuel Macron accroché au mur.
Ce contexte nous sert à décrypter le message qu'on veut nous faire passer. Matignon tente de montrer que les décisions ne se prennent plus à l'Élysée et que les arbitrages ne sont plus entre les mains du chef de l'État. Michel Barnier refuse de parler de cohabitation, or changer le lieu du compte-rendu ne s'est fait que sous cohabitation. "C'est une troisième voie", "une coexistence exigente" avec "le président qui préside, et le gouvernement qui gouverne", ce sont les éléments de langage martelés des deux côtés. Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on parle même d'une "nouvelle ère".
Des liens rompus entre Emmanuel Macron et son Premier ministre ?
Les échanges sont réguliers entre Emmanuel Macron et son Premier ministre Michel Barnier, même si la prise de distance se poursuit depuis la nomination du chef du gouvernement. Ces gages d'autonomie, comme la fin des conseillers thématiques partagés entre l'Élysée et Matignon, là, c'est une étape de plus, bien mise en scène.
Ce changement arrange un peu tout le monde. D'un côté le nouveau Premier ministre peut illustrer le fait d'avoir les coudées franches, il y a pourtant plus d'une dizaine de ministres macronistes dans son gouvernement, et de l'autre, le président peut prendre de la hauteur, s'occuper de l'international par exemple. "S'il arrive à rester à distance, sa côte de popularité remontera dans six mois" pense un ancien ministre "pendant ce temps-là, il ne sera plus responsable des problèmes".
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