Hausse des actes antisémites en France : le dispositif du gouvernement pour lutter contre ce fléau
Quelque 588 faits antisémites sont recensés par la place Beauvau depuis l'attaque du Hamas contre Israël. Il s'agit de tags, d'insultes, d'individus qui rôdent près d'une synagogue avec un couteau, comme jeudi 19 octobre à Strasbourg. Le chiffre est encore plus saisissant si on le compare à l'année 2015, la pire de la dernière décennie en termes d'actes antisémites, marquée par l'attentat de l'Hypercasher. Si 808 faits ont été recensés sur toute l'année 2015, là c'est près de 600 en quinze jours. "J'ai rarement vu la communauté juive aussi effrayée", confie un conseiller de l'exécutif. Cette recrudescence inquiétante, le gouvernement l'avait anticipée en renforçant, dès le 7 octobre, la sécurité autour de 600 lieux fréquentés par la communauté juive.
Des peines sévères et un chantier de sensibilisation
La ligne de l'exécutif c'est "ne rien laisser passer". Quelque 336 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre. Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a demandé aux procureurs d'être sévères. Des peines sont déjà tombées : huit mois de prison ici, six mois là, ou encore de la détention à domicile sous bracelet électronique. Il y a en ce moment 237 enquêtes ouvertes pour des faits antisémites ou d'apologie du terrorisme.
La haine en ligne est aussi particulièrement scrutée. La Dilcrah, la Délégation Interministérielle à la Lutte contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT, a effectué des "centaines de signalements" en 15 jours. "Une personne ne fait que ça et ça n'arrête pas malheureusement", confie-t-on à la Dilcrah, qui a réuni les plateformes internet la semaine dernière pour leur rappeler qu'elles doivent supprimer ces contenus en 24 heures. Quelque 300 signalements font déjà l'objet d'enquêtes judiciaires.
L'exécutif affiche la plus grande fermeté possible une fois que les actes antisémites ont eu lieu, mais comment lutter en amont ? Beaucoup le disent : c'est un sujet d'éducation. Les ministres de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, et de la Lutte contre les discriminations, Bérangère Couillard, ont réuni mardi dernier les référents des universités contre le racisme et l'antisémitisme pour ouvrir un chantier de sensibilisation. "Ce combat doit se faire à tous les âges", dit un conseiller. Le patron de la Dilcrah, Olivier Klein, sera auditionné le 14 novembre par le groupe d'études sur l'antisémitisme de l'Assemblée, pour un point de situation. Mais un député l'admet : "C'est très difficile de combattre un mal toujours rampant comme l'antisémitisme."
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