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Le gouvernement va enfin pouvoir mesurer les maltraitances des personnes âgées et handicapées

Neuf mois après la sortie du livre "Les Fossoyeurs", qui avait révélé le scandale des maisons de retraites Orpea, la France pourrait-elle revivre un autre scandale de même ampleur ? La réponse est probablement oui. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.

Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un brochure de la Fédération 3977 est posée sur un téléphone, à Thionville (Vosges), le 17 novembre 2008 (illustration). (PELAEZ JULIO / MAXPPP)

Combien sont-elles ces personnes âgées maltraitées par des proches ou mal-nourries dans des établissements spécialisés ? Combien sont-elles ces personnes handicapées, victimes de violences sexuelles ou de brimades dans des institutions ? Personne aujourd’hui en France n’est capable de répondre à ces questions. 

>> Ils ont fait l'actu. En révélant le scandale Orpea, le journaliste Victor Castanet a contribué à "une libération de la parole" dans les Ehpad

Pourtant, il existe bien des indicateurs, beaucoup d'indicateurs.  En février dernier, la loi a même précisé ce qu’est une maltraitance. Pour autant, ces cas sont trop rarement dénoncés. Et quand ils le sont, ils remontent au compte-goutte vers les associations, les ARS, la police ou la gendarmerie. Mais ces différentes institutions ne les répertorient pas de la même manière : il n’y a donc aucun fichier harmonisé.

Face cette pure complexité administrative, la conséquence est directe : impossible de savoir, de quantifier, de détecter ou d’éviter un nouveau scandale, comme l'a fait le livre Les Fossoyeurs, à l'origine du séisme autour des maisons de retraites Orpea. Reste une question : quelle est l’ampleur du problème ? Il est évidemment sous-estimé. Quand elles sont en capacité de le faire, les victimes n’osent pas toujours dénoncer les abus, et les professionnels-témoins hésitent souvent à les dénoncer par loyauté vis-à-vis de leur employeur ou par crainte de trahir les patients. L'omerta règne dans le médico-social sur ces questions.

Comment l’état peut-il répondre à cette situation ?

En harmonisant les remontées pour mieux cerner le problème. Selon des informations de franceinfo, Jean-Christophe Combe, le nouveau ministre des Solidarités, a notamment mandaté l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pour mettre en place des fichiers coordonnées. Pour la première fois, son ministère a recruté fin août une conseillère technique dédiée à la coordination des questions de maltraitances. Mais ce travail prendra des mois, bien qu'indispensable pour traiter le problème. Mais il y a déjà une appréhension au ministère : que ces chiffres harmonisés soient terribles. 

Et pour étayer cette inquiétude, il faut y regarder de plus près. Selon nos informations, les appels au 3977, numéro vert pour signaler des maltraitances sur des personnes âgées ou des personnes en situation de handicap, ont explosé : +24% sur un an. Cela représente désormais 8 à 9000 dossiers par an, "Une toute petite partie du problème", selon son Pierre Czernichow, président de la Fédération 3977.

Si l’on en croit l’OMS? 95% des situations de maltraitances ne font en effet l’objet d’aucun signalement. Autant dire qu’on est loin aujourd’hui de connaître la réalité du problème.

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